La multiplication des mesures d'ordre monétaire survient dans un contexte marqué par le maintien de taux d'intérêt extrêmement bas en Europe et par le fait que certains craignent une éventuelle dévaluation passive du dollar, par le biais de la planche à billets. Conséquence de cette situation, selon le ministre canadien des Finances Jim Flaherty, les changes constitueront, avec les problèmes de croissance mondiale, la priorité de l'ordre du jour de la réunion de vendredi des ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés (G7). Le Brésil, dont le ministre des Finances Guido Mantega a comparé les interventions sur les changes à une «guerre des monnaies», a décidé de doubler lundi, à 4%, la taxe sur les achats d'obligations brésiliennes par des investisseurs étrangers. Et ce afin d'endiguer la vigueur de sa monnaie, soutenue par des taux d'intérêt élevés et par les prometteuses perspectives de son secteur pétrolier. De son côté, la Banque du Japon (BoJ) a créé la surprise en ramenant ses taux d'intérêt à zéro et a annoncé la création d'un fonds de 5.000 milliards de yens (43 milliards d'euros) destiné à financer des achats d'actifs. Lutte contre la spéculation La BoJ espère ainsi injecter plus de fonds dans une économie japonaise pénalisée par la vigueur du yen, qui reste proche d'un plus haut de 15 ans face au dollar. Les autorités monétaires de plusieurs pays asiatiques ont également entretenu la tension en exprimant leur préoccupation croissante quant au risque d'une spéculation massive. La Corée du Sud a ainsi prévenu les investisseurs qu'elle pourrait imposer de nouvelles limites sur les dérivés de taux de change. La Banque de Corée et le Service coréen de surveillance financière ont dit qu'ils inspecteraient ensemble à la fin du mois les positions sur les dérivés de taux de change des banques opérant dans le pays. L'Inde et la Thaïlande ont, elles, dit réfléchir à des mesures destinées à maîtriser les fluctuations d'origine spéculative. «Je ne pense pas que l'on entre dans une période de guerre mondiale des monnaies mais il y aura des tensions, c'est sûr», a déclaré à la presse lundi soir le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, en appelant à des mesures pour atténuer les dites tensions. «L'argent chasse le rendement. Il ne peut pas trouver ces rendements dans les pays développés et cela ne fait pas seulement monter la valeur des devises des marchés émergents (...) mais cela accroît également la valeur des actifs avec un risque de bulles spéculatives dans l'immobilier et pour certaines matières premières», a-t-il ajouté. L'impasse chinoise Les marchés émergents reçoivent la majeure partie des flux financiers, tandis que les grandes économies et la Chine restent déterminées à endiguer la vigueur de leur monnaie. Les dirigeants de la zone euro ont renouvelé leur appel à la Chine pour qu'elle favorise l'appréciation du yuan, tout en reconnaissant que les autorités chinoises ne partageaient pas leur opinion. L'Institut de la finance internationale, qui représente 420 banques de plus de 70 pays, a appelé cette semaine les principales économies mondiales à prendre des mesures d'urgence pour faire face au problème et améliorer la concertation internationale en déclin afin de soutenir la reprise économique. Malgré plusieurs tentatives durant la crise financière pour améliorer la coordination des politiques monétaires internationales, des banques centrales avaient en effet agi unilatéralement. L'Assemblée générale annuelle du FMI et de la Banque mondiale aura lieu à Washington du 8 au 10 octobre 2010, alors que les ministres des Finances des 20 pays les plus industrialisés (G20) se rencontreront également le 22 octobre en Corée du Sud.