En affichant son ambition de posséder à terme plus d'une centaine de très gros porteurs Airbus A380, Emirates a lancé, mardi, un défi de taille aux compagnies aériennes européennes. Emirates avait surpris le monde du transport aérien en juin en augmentant d'un tiers sa commande d'A380 pour la porter à 90 exemplaires. Et son seul problème est un manque d'espace à l'aéroport de Dubaï pour les garer, a déclaré à Reuters le président de la compagnie aérienne, Tim Clark. «Nous en voudrions plus mais nous allons être à court de place», a-t-il dit. «Le chiffre de départ était 120 (...), mais nous n'avons pu aller jusque là car c'était trop pour ici ; 90 était ,donc, un compromis». Emirates commandera de nouveaux A380 une fois que ce problème de place sera résolu, a-t-il ajouté, sans donner de date. Le nouvel objectif de 120 exemplaires du très gros porteurs implique, donc, 30 commandes supplémentaires à terme, pour un montant avoisinant 10 milliards de dollars (7,2 milliards d'euros) aux prix catalogue. La compagnie de Dubaï, dont la croissance annuelle du trafic passagers est de 20,% et qui compte maintenir ce rythme dans les cinq ans à venir selon les propos de son président, est déjà, et de loin, la principale compagnie cliente de l'A380. Elle travaille, toutefois, parallèlement avec Boeing sur la nouvelle génération du 777, qui sera en concurrence avec le futur Airbus 350-1000. «Nous travaillons avec Boeing sur la nouvelle génération du 777; nous restons très intéressés par un remplacement», a dit Tim Clark. Emirates a annoncé une commande de 30 Boeing 777-300ER en juillet à Farnborough, qui pourrait représenter plus de neuf milliards de dollars., La croissance rapide d'Emirates, d'Etihad à Abu Dhabi ou de Qatar Airways, provoque des tensions avec les grandes compagnies aériennes et les accusations mutuelles de protectionnisme se multiplient. Beaucoup de transporteurs craignent que les très gros porteurs des compagnies du Golfe ne détournent une partie du trafic de leurs «hubs». Des compagnies aériennes européennes estiment par ailleurs qu'Emirates bénéficie de subventions pour son kérosène. «Je l'ai dit,: ‘Prouvez-le et je démissionne demain'. c'est complètement faux», a rétorqué Tim Clark.