Contrairement à certaines idées reçues, le comportement «stupide et répugnant» des «masses humaines» n'est donc pas une survivance des temps archaïques et pré-humains. Il résulte, au contraire, de l'utilisation des innovations technologiques qui ont réduit et même - comme le démontre la réaction citée ci-dessus du haut gradé militaire sioniste - anéanti totalement chez l'homme les mécanismes inhibiteurs qui commandent l'agressivité et donc le meurtre individuel ou les massacres de masse. Car «l'homme qui appuie sur un bouton est complètement protégé des conséquences perceptives de son acte». Dès lors, on comprend mieux comment des soldats sionistes ont tué, depuis l'an 2000, un millier d'enfants palestiniens qui ne représentaient pas le moindre danger pour eux ou pour leur Etat. Certains de ces enfants ont certes été victimes de la cohorte des Alutz larguant des bombes d'une tonne sur des habitations ou de missiles tirés dans la foule par des individus du même acabit. Ces victimes-là se sont fondues dans les statistiques et sont comptabilisées sous la dénomination de «dommages collatéraux.» Mais d'autres enfants ont été abattus de sang-froid d'une balle dans la tête ou se sont vidés de leur sang sous les yeux de soldats qui empêchaient les secours d'approcher. A ce propos, nous citerons quelques exemples assez significatifs. Abir Aramin, une fille palestinienne âgée de 10 ans, elle sort paisiblement de son école en compagnie de ses compagnes. Une jeep fortifiée des célèbres «gardes-frontières» d'un pays qui refuse de se donner des frontières, effectue lentement des allers-retours devant l'école, provoquant la panique des petites écolières qui s'égayent comme une nuée de moineaux. Un des rambos qui sévissent habituellement aux check-points et dont la présence à cet endroit à l'heure de la sortie n'a évidemment d'autre justification que celle de terroriser les enfants, vise la tête de l'enfant blottie contre le mur d'une boutique à travers un trou spécial fait dans la vitre de sa jeep. Le carton est réussi, comme dans une fête foraine, et la balle enrobée de caoutchouc fait exploser le cerveau d'Abir. La jeep poursuit tranquillement sa route. Ayman Abou-Mahdi a lui aussi 10 ans. Il vient de rentrer de l'école. Il est assis sur un banc près de sa maison. Un char passe et une balle de mitrailleuse pulvérise la tête d'Ayman. Le char poursuit tranquillement sa route. Boushra a 17 ans. La nuit est tombée. Elle va et vient dans sa chambre éclairée, un cahier de grammaire dans les mains, révisant ses leçons en vue de l'examen du lendemain. Un sniper réussit un joli exploit : une balle atteint Boushra en plein milieu du front. A-t-il reçu les félicitations de ses supérieurs pour ce tir particulièrement bien ajusté ? Jamil Jabaji, 14 ans , a été tué d'une balle en pleine tête à Naplouse, Taha Aljawi, 14ans et demi, blessé aux jambes, a été laissé agonisant dans un fossé jusqu'à ce que mort s'ensuive; Ahmed Asasa, 14 ans lui aussi, a été atteint d'une balle dans le cou alors qu'il passait de sa maison dans celle de son oncle. Les soldats tiraient sur ceux qui venaient à son secours. Il s'est vidé de son sang durant une heure et demie avant de mourir. La liste n'est pas close. (Suivra)