Ce n'est pas l'année des méduses mais presque. Ce pourrait être aussi une histoire de courants dominants, un conte des Mille et une Nuits ou une fable de la fontaine d'eau de mer. Toujours est-il qu'encore une fois, une série de harraga a été interceptée en mer, à l'Ouest, dimanche, jour de congé européen. Un événement devenu banal. Juste un détail remarquable, le nom du bateau, ou plutôt de l'embarcation puisqu'elle mesurait 7 m sur 3 : le Shahrazade. Tout un poème. 1000 et un exils, 1000 et une vagues, celles des partances, celles du flux et reflux de l'histoire et celles des grandes migrations de gnous à travers les savanes désertiques. Que se passe-t-il pour que, au moment où le pays découvre la richesse, des centaines de jeunes pauvres, pas tous pauvres et certains pas jeunes du tout puisque l'un d'entre eux avait 55 ans, s'embarquent dans les vagues de l'hiver pour déflorer les côtes du Nord ? Finalement, la question est à terre. Les dirigeants de la troïka au pouvoir, FLN/RND/MSP, savent-ils qu'ils sont en train de fabriquer une prison géante où l'amour, les associations, l'alcool, les syndicats libres, la musique forte, les radio-télévisions privées, le sexe, les partis d'opposition, la non religiosité, les journaux et les flamants roses sont interdits ou presque ? Non. Le conservatisme a ceci de particulier qu'il sert surtout à conserver ceux qui en parlent, tout comme la politique sert surtout à tout politiser. Chacun a en mémoire la cinquième vague de Papillon, prisonnier qui a tout tenté pour s'évader et a compris qu'après les quatre premières vagues, la mer relâchait tout le monde et ne ramenait plus personne à terre. C'est ce qui a changé. Les 1001 vagues ne s'affrontent plus avec un tapis volant, mais avec une barque flottante. Au bout, la caverne d'Ali Baba, un hangar désaffecté ou la mort, tout simplement.