Comme s'il avait été pris de démence, il attendra, au côté de sa victime qu'il avait pris le soin d'installer sur un fauteuil, l'arrivée de sa tante pour l'égorger froidement après l'avoir ligotée. C'était par une chaude fin d'après-midi d'été indien, le 16 septembre 2010, au 8e étage de l'immeuble Numédia, au centre-ville, à proximité du boulevard Bouzered Hocine, une des artères les plus fréquentées de Annaba. Blasés par les tombereaux d'affaires criminelles avec des agressions et des vols quotidiens, les Annabis ne pouvaient croire qu'un être humain atteindrait ce stade de la cruauté sur, qui plus est, des proches parents qu'il a découpés. C'est pourquoi l'annonce de son arrestation, lundi dernier, par les éléments de la police judiciaire de la wilaya d'Annaba a été bien accueillie. Il ne pouvait en être autrement face à ces deux crimes sordides qui avaient mis en émoi tout Annaba. L'arrestation du sanguinaire est à mettre à l'actif de la police judiciaire. Elle a mis le paquet non seulement pour élucider cette affaire et plusieurs autres, mais aussi pour sécuriser les biens et les personnes dans une ville où la peur s'était installée. Etêter son oncle puis sa tante comme s'il s'agissait d'un poulet, se laver les mains dans la salle de bains, nettoyer cette dernière et s'attarder longuement à côté des cadavres, repartir tranquillement sans rien prendre et en refermant à clef la porte du logement, laisser la voiture dans le parking pour ne pas attirer l'attention des gardiens de l'immeuble, ne rien faire qui puisse attirer l'attention des policiers, jouer le rôle du neveu abattu par l'annonce de la mort de ses deux parents, seul un esprit machiavélique pouvait atteindre ce degré d'atrocité sans perdre son sang froid. C'est le cas de A. A., le neveu doublement criminel qui en voulait à son oncle d'avoir une belle voiture. Pourtant, celui-ci ne lui refusait rien. A leur arrivée sur les lieux du crime, aussitôt informés qu'une odeur de corps humain en décomposition émanait d'un logement, les policiers étaient confrontés à l'absence d'indices et d'empreintes. Rien qui puisse les mener vers le ou les criminels. Ce (ou ces) dernier (s) paraissait (ent) avoir effectué un nettoyage des lieux avant de disparaître dans la nature. L'enquête s'annonçait difficile, d'autant que les deux victimes n'avaient pas de fréquentations et que pratiquement rien n'a été volé. Un couple «pépère» en quelque sorte qui ne demandait qu'à vivre amplement leurs vacances auprès de leurs proches. Pour ne pas avoir à déranger quiconque, ils s'étaient refugiés dans le logement qu'ils avaient acquis avec l'espoir d'y achever leurs vieux jours dans la perspective de leur retour au pays. Absence d'indices peut être, mais pas de petits détails que les policiers avaient relevés durant leurs investigations. C'est notamment celui de la porte d'entrée de l'appartement fermée de l'extérieur. Les quelques empreintes relevées se sont avérées être toutes de gens proches dont celles du neveu. C'est donc dans ce milieu «des proches» qu'il fallait investiguer. Les soupçons allaient rapidement s'orienter sur le neveu ingrat dans l'abattement paraissait trop excessif aux enquêteurs pour être vrai. Les nombreuses contradictions relevées tout au long de ses différentes auditions finiront par convaincre les enquêteurs qu'ils tenaient l'assassin. Presque deux mois après son acte atroce, il finira par avouer sous la pression psychologique exercée sur lui par les policiers chargés de l'enquête. Pour justifier son acte, il argumentera son aveuglement à s'accaparer par tous les moyens de la voiture de son oncle.