Face aux patrons du FCE qui réclament un report de l'adhésion à la zone arabe de libre-échange pour une période de deux ans, le gouvernement a développé un discours rassurant en affirmant que l'adhésion de notre pays n'aura pas d'incidences négatives sur la compétitivité de la production nationale. Il a relevé que la convention sur la zone de libre-échange accorde, en cas de nécessité, aux pays membres des mécanismes de protection des produits locaux. Sans être des chantres de l'ouverture, on a de la peine à saisir en quoi l'intégration de la zone de libre-échange arabe pourrait causer davantage de tort à l'économie algérienne que l'accord d'association avec l'Union européenne. Certes, le patronat algérien s'est élevé également en son temps et un peu tardivement contre l'accord d'association. Mais comme les effets de celui-ci sont déjà là, on attend donc un recensement plus précis des « inconvénients » supplémentaires d'une adhésion à la zone arabe. Il ne s'agit pas de reprocher aux patrons une inclination occidentale, encore que l'on puisse penser qu'elle existe bel et bien. Les chiffres «arabes» n'incitent pas à l'alarmisme : les importations en provenance des pays arabes ont atteint 865 millions de dollars en 2007 et les exportations sont de l'ordre de 1,5 milliard de dollars. Le hasard a voulu que ce discours contre la zone de libre-échange intervienne au moment où le chiffre des exportations françaises vers l'Algérie, 5,2 milliards d'euros en 2007, montre la disproportion - terme à la mode - des flux. Cela induit certaines interrogations. S'agit-il, comme on le laisse entendre, de concurrence déloyale, certains pays arabes vendant des produits chinois sous «emballage» arabe ? Que font donc les Européens ? On peut parier qu'une part substantielle des produits estampillés « made in Europe » est fabriquée dans l'atelier chinois du monde. Certains experts considèrent que dès lors que le pays a accepté une logique d'ouverture, il y aurait plutôt intérêt à s'ouvrir en direction de pays avec lesquels il partage des usages et une culture communs. Cela devrait, disent-ils, entraîner une baisse des coûts d'intermédiation par rapport à ceux des Européens. La proximité culturelle devrait également faciliter l'émulation des opérateurs algériens et stimuler leur capacité d'innovation et de recherche d'opportunité. Pourquoi les Algériens ne feraient pas ce que font d'autres Arabes ? Sur le fond, il n'est pas compréhensible que l'on finisse par accepter comme allant de soi l'ouverture du marché vers une seule région. Même si elle a montré de nombreuses hésitations, l'Algérie est entrée depuis plus d'une décennie dans une logique libérale. Celle-ci, il faut le rappeler, est fondée sur l'ouverture présentée comme condition de la concurrence pour aboutir à la satisfaction du consommateur au meilleur prix. Tout le reste relève d'élaborations de pure forme. Même s'il est clair qu'une politique de stimulation de la production nationale ne peut s'envisager qu'avec un minimum de protection. Il y a un problème à accepter une logique avec l'Europe et à la refuser avec les pays arabes... A moins d'étayer de manière plus rigoureuse les raisons d'une telle exclusion, on comprend que la suspicion de tropisme occidental ait la peau dure.