Après une offensive de vingt-deux jours qui n'a laissé aucun répit aux civils palestiniens de la minuscule bande côtière de Gaza, l'heure est au bilan et aux règlements de compte. L'Etat hébreu doit justifier, sur la scène internationale, les multiples violations du droit humanitaire international qu'il a commises dans le cadre de son opération «Plomb durci». C'est un jour nouveau qui se lève pour l'Humanité, en ce 18 janvier 2009. Au lendemain d'un cessez-le-feu décrété unilatéralement dans un premier temps par Israël , puis par le Hamas, c'est un spectacle effrayant que nous offrent les médias occidentaux, enfin autorisés à pénétrer dans la bande de Gaza Le bilan humain se passe de commentaires: au 17 janvier ce sont 1.315 morts et plus de 4.500 blessés qui sont comptabilisés. Ce bilan, cela va sans dire, n'est que provisoire, les décombres recouvrent encore d'autres corps qui vont pouvoir être extraits de leur prison. Mais c'est bien la bande de Gaza, toute entière qui fut une prison durant les quelque vingt-deux jours d'offensive israélienne. La communication comme arme de guerre Les rares images qui nous ont parvenues provenaient de médias arabes , sur place au moment des faits. La majorité des images en provenance du front étaient bien le fruit d'une communication maîtrisée de la part de Tsahal, une leçon qui fut tirée de l'expérience du Liban en 2006. Une machine de guerre alliée à une redoutable machine de communication en direction de l'opinion publique internationale mais avant tout en direction de son propre peuple . L'horreur a été telle qu'elle a été délibérément étouffée par de la propagande, ce qui n'est pas, sans nous rappeler certains chapitres sombres de notre Histoire. Des civils pris pour cible ? Ainsi donc, ce sont autant de droits humains et de libertés fondamentales qui ont été écrasés sous le poids des chars israéliens : bafouées les vies des civils palestiniens, bombardés les bâtiments o combien symboliques comme les mosquées, les bureaux des Nations unies , refoulée aux frontières la liberté d'informer. Ce n'est pas une guerre d'égal à égal qu'Olmert a souhaitée, mais une véritable offensive avec avions de chasse, chars sophistiqués avec pour seuls ennemis des combattants du Hamas et non une «force armée étatique». Les armes de Tsahal ont été, une nouvelle fois, fournies par l'allié de toujours, les Etats-Unis. La nouveauté réside, toutefois, dans l'utilisation du phosphore blanc lors de cette opération, ce qui a provoqué, selon plusieurs organisations des droits de l'Homme, de graves dommages sur les civils et soulève, ces jours-ci, bon nombre de contestations. Kadima et Israël affaiblis Les civils de la bande de Gaza ont, en réalité, fait les frais de calculs électoraux de la part d'un parti qui n'était plus, si certain d'obtenir une majorité à la Knesset . Selon Olmert, il était impératif de faire cesser les tirs de roquettes lancés par le Hamas. Or, c'est bien Israël qui n'avait pas respecté la dernière trêve , en ne tenant pas ses engagements et non le Hamas qui l'avait rompue. Une chose est sûre, ce n'est ni Olmert, ni Livni qui ont gagné cette bataille: la résistance palestinienne, même si elle a payé un lourd prix par les pertes humaines côté palestinien, n'en sort que glorifiée et soutenue dans tout le monde arabe et même au-delà . D'un autre côté, Israël ressort critiqué et une nouvelle fois montré du doigt sur la scène diplomatique européenne et internationale. La pression internationale Le monde a été mis face à l'insupportable. Et l'insupportable se paye devant les plus hautes autorités de ce monde. La plus haute marche, en l'occurrence, c'est l'Onu et son Conseil de Sécurité. Et pourtant, cette même autorité était parvenue à voter un cessez-le-feu et à condamner l'incursion israélienne. Cela n'avait pas produit l'effet escompté . Les nombreuses résolutions condamnant l'Etat d'Israël par le passé témoignent encore qu'Israël a toujours fait fi des plus hautes instances internationales . Une chose a pourtant changé et quelque peu ébranlé le pessimisme ambiant: cette fois, le monde a vu, a retenu son souffle, a compté les victimes, a manifesté et a été choqué devant le spectacle d'horreur offert par Tsahal. Il semble, par ailleurs, que ce cycle infernal n'est pas près d'être rompu, du moins pas tant que les droits du peuple palestinien ne soient respectés. Et cela passera forcément par l'arrêt des colonisations, le retour aux frontières de 1947, le droit au retour des réfugiés palestiniens et la création d'un Etat palestinien viable . Plus que jamais, la cause palestinienne reste d'actualité et paraît légitime aux yeux du monde. Il s'agit, désormais, pour l'Onu de saisir cette opportunité pour prouver qu'elle a une capacité d'action et plus encore, une légitimité. Et de faire en sorte que ses décisions soient, enfin, légalement contraignantes et respectées par l'Etat d'Israël. Ehud Olmert: «A compter de deux heures du matin, heure israélienne, Israël met un terme à son opération offensive dans la bande de Gaza et maintiendra son déploiement à Gaza et dans ses alentours.» Le cessez-le-feu est entré en vigueur le dimanche 18 janvier 2009 dernier. http://www.rfi.fr/actufr/articles/109/article_77492.asp Les médias occidentaux tout comme les humanitaires ont été contraints de rester aux frontières. Al-Jazeera et Al-Manar ont couvert quotidiennement les événements. Mona Chollet : http://lmsi.net/spip.php?article844 et Marc Hecker et Thomas Rid: http://www.rue89.com/2009/01/22/communication-de-guerre-israelienne-gaza-et-les-lecons-de-2006 La Croix-Rouge à Gaza ainsi qu'Amnesty International accusent Israël de crimes de guerre. Un entrepôt de l'UNWRA a brûlé suite à un bombardement par des chars israéliens. L'armée israélienne a annoncé, ce mercredi 21 janvier 2009, l'ouverture d'une enquête sur l'utilisation de phosphore blanc. Il s'agit d'un agent incendiaire utilisé pour éclairer les cibles ou créer des écrans de fumée. Communiqué de presse d'Amnesty International : http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/israeloccupied-palestinian-territories-israel039s-use-white-phosphorus-a Kadima est le parti d'Olmert et celui de Livni. Lire l'article: L'offensive israélienne, enjeu de la Knesset? : http://www.lesinfos.com/index.php/2009/01/21/1080-l-offensive-israelienne-enjeu-des-elections-de-la-knesset Lire à ce sujet l'article de M.K. El-Rez: Rappels utiles face à la propagande israélienne: « (...) Aussi, Israël ne souhaite pas lever le blocus qu'elle impose à la bande de Gaza, et c'est là l'une des conditions majeures pour que le Hamas accepte une trêve.» Du Maroc au Liban, c'est à un soulèvement du peuple arabe auquel on a assisté pendant toute l'offensive israélienne. Les dirigeants arabes de l'Algérie, du Soudan, du Liban, de la Syrie et de l'Iran ont été les premiers à condamner ouvertement l'offensive israélienne et à exprimer leur soutien à la résistance palestinienne. Par ailleurs, les dirigeants du Vénézuela et de la Bolivie ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec Israël en réponse à l'offensive menée par l'Etat hébreu. Dans la nuit de jeudi à vendredi 9 janvier 2009, le Conseil de Sécurité de l'Onu a adopté, à 14 voix, la résolution 1.860 appelant «à un cessez-le-feu immédiat, durable et pleinement respecté, menant au retrait complet des forces israéliennes de Gaza. Elle «condamne toute violence et hostilité dirigées contre des civils et tout acte de terrorisme» et appelle «à la fourniture sans obstructions (...) de l'aide humanitaire.» Soit près de 10 jours avant la décision d'un cessez-le-feu par Israël. Une soixantaine de résolutions prononcées depuis 1947 n'ont jamais été appliquées par Israël. Taoufik Benaichouche: http://www.rfi.fr/actufr/articles/109/article_77296.asp op.xii