Les boulangers ont pris les devants face à l'indisponibilité de la levure chimique, un produit essentiel entrant dans la composition du pain. Ainsi, trois dépôts régionaux implantés respectivement dans les régions de l'Est, du Centre et de l'Ouest du pays, seront créés dans les prochains jours pour la gestion de cette pénurie, a annoncé, hier, M. Benmrah, président de la fédération des boulangers de la wilaya d'Oran et membre du bureau fédéral national, lors d'un point de presse organisé, hier, au siège du bureau local de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ces dépôts dont la gestion sera confiée à l'UGCAA seront chargés d'approvisionner les boulangers à travers les régions sus-citées. Dans ce cadre, une demande sera adressée au wali d'Oran afin de mettre à la disposition des concernés un local pour l'approvisionnement des boulangers de la région d'Oran et l'ensemble des wilayas de l'Ouest en levure, a souligné M. Benmrah, jugeant cette formule indispensable pour éviter aux boulangers d'être à la merci des grossistes. «Ce sont eux qui sont à l'origine de cette hausse vertigineuse du prix de la levure et, par conséquent, à l'origine de cette spéculation», précise-t-il. Ainsi et en évoquant les raisons de cette pénurie, notre interlocuteur a indiqué qu'à l'origine de cette situation, le blocage temporaire au port d'Alger de toutes les importations de la levure en vue d'analyses. Cette mesure initiée par les services du commerce intervient après que les inspecteurs de la qualité ont décelé une levure impropre à la consommation importée de Chine, ce qui a rendu obligatoire le blocage temporaire de toutes les levures afin de les analyser au laboratoire. Toutefois, la séance de travail ayant regroupé, le 26 janvier dernier, à Alger, les membres de la fédération nationale des boulangers et l'opérateur français Lessafre, l'un des principaux fournisseurs de l'Algérie en matière de levure, a permis, selon notre interlocuteur, d'étudier de près cette situation de pénurie, sachant que le carton de 10 kg est passé en l'espace de quelques jours de 2.600 DA à 3.200 DA. Une hausse qui va persister, notamment avec l'indisponibilité dans le monde de la mélasse, un autre produit entrant dans la composition de la levure et qui est utilisé dans les carburants. Face à cette augmentation des prix et même si la situation semble s'améliorer avec l'enlèvement des conteneurs, les opérateurs du secteur jugent que la seule solution pour éviter la pénurie est la création de dépôts gérés par l'UGCAA. Par ailleurs, en abordant la question relative à l'augmentation du prix de la baguette, le président de la fédération a été catégorique: «On ne demande pas d'augmentation du prix du pain, mais qu'on nous règle nos problèmes par un allégement des charges». Ainsi et dans un rapport adressé au directeur central du commerce, les membres de la fédération ont tenu à dénoncer les contraintes qui entravent leurs activités. Il y a lieu de citer la cherté de la matière première, la taxe d'environnement fixés actuellement à 9.000 DA pour le chef-lieu, alors qu'elle est de 8.000 DA pour les communes limitrophes, le problème de la mise à jour auprès de la CNAS, la taxe d'évacuation des eaux usées, les coupures d'électricité, les retards enregistrés dans l'installation des compteurs spéciaux, la vente illicite du pain sur les trottoirs et le problème fiscal. Autant de charges qui viennent pénaliser de nombreux boulangers, sachant que 14 boulangers ont mis la clé sous le paillasson à Oran. Notons qu'un centre doté d'équipements modernes pour la réalisation de pains, de brioches et de pâtisseries vient d'ouvrir ses portes à Alger pour la formation de jeunes boulangers et pâtissiers. Pour ce qui est de la participation algérienne à la coupe du monde du pain, une sélection locale, ensuite régionale et nationale, sera effectuée pour retenir les trois meilleurs candidats qui participeront à cette coupe prévue en février 2010, sachant que l'Algérie a remporté la troisième place en 2008. Pour ce qui est du problème du sel non iodé, une convention a été signée, hier à Constantine, entre la direction générale de l'ENASEL et les membres de la fédération nationale des boulangers pour obliger la corporation à s'approvisionner en sel iodé.