El-Ourit, distant de 7 km de Tlemcen côté Est, est traversé par la route nationale n°7 menant à Sidi Bel-Abbès. Un canyon impressionnant et majestueux, encadré par de très hautes montagnes du côté Est, le Djebel Chaouiter, de 1.163 m d'attitude, du côté Ouest par le Djebel Hanaf, de 1.208 m d'altitude. Un ravin très profond est creusé dans la dolomie, roche calcaire laissant des escarpements roses et certains rouges. Sept «gueltas» sont formées en étages et donnent des cascades grâce aux eaux de sources et le trop-plein du barrage d'El-Mefrouch, situé en amont. Dans ces gueltas, de différentes grandeurs, Ezzerga, Ouerda, Tbal, Faroudj, Spahis..., de nombreux Tlemcéniens ont appris à nager, quelquefois en faisant l'école buissonnière. Havre de paix et de tranquillité, fierté des sites touristiques de Tlemcen, anciennement connu et visité par la population et des touristes étrangers, El-Ourit peut nous conter son histoire et son passé durant les saisons estivales et les veillées du mois de Ramadan. Même les week-ends, des concerts de musique andalouse, populaire et de partitions folkloriques s'y déroulaient. Attirant une nombreuse population et des familles de Tlemcen. Où se conjuguaient gaîté, joie, amusements... chez les Abbas, Bahlouli, Alfred, Guendouz, Mamane. Orchestres et musiciens se produisaient dans ce fabuleux site magnifiquement décoré par la nature. Les soirées étaient animées par Cheikha Tetma, Cheikh Larbi Bensari, son fils Redouane, Abdelkrim Dali, Reinette, Zouzou, Cheikh Salah, Samy El-Maghribi, Lili Abbassi. La disparition des eaux des cascades par nécessité conjoncturelle, pour permettre en effet au barrage du Mefrouch de stocker l'eau pour l'alimentation de la population, a fait fuir les habituels visiteurs. S'y ajoutaient l'insécurité, le terrorisme et la peur. De ce fait, les gens ont déserté les lieux, entraînant même les habitants de la zone éparse. El-Ourit est devenue une zone dangereuse. Aussi, des postes de garde et de contrôle furent mis en place, composés de gendarmes et d'éléments de l'ANP. Il y a un mois, en randonnée avec des amis, nous avons constaté que des travaux sont en cours au niveau du pont. La dénommée Ezzerga (guelta) reprend vie, avec la mise en eau actionnée par un système hydraulique permanent, l'aménagement de passerelles et de chemins dallés, un plongeoir. Bravo pour cette heureuse initiative et la belle entreprise. Cela fera beaucoup d'heureux. Avec l'arrivée de l'éclairage public sur le pont, pourquoi ne pas prévoir l'illumination de ce fascinant site par des projecteurs et la construction d'un transfo pour faire face aux besoins ? En 1982, faute de crédits, ce projet ne pouvait pas se réaliser. Il n'y a que l'illumination des grottes de Béni-Aâd qui a pu être réalisée. Aussi, les travaux entrepris pour la réhabilitation et la mise en valeur doivent être complétés par la restauration des établissements existants autrefois (café, cantine, restaurant). Il faudrait inviter les anciens gestionnaires ou propriétaires des locaux à prendre en charge les travaux nécessaires pour la remise en état des lieux. Il serait souhaitable d'envisager la construction d'un hôtel ou de chalets de classe pour accueillir les touristes et les passagers, avec également une salle polyvalente annexe à l'hôtel, où pourraient se dérouler des réunions, conférences, fêtes de famille, etc. Et aussi faire procéder à la réfection du chemin pédestre d'accès sur les hauteurs, qui offre une vue imprenable en passant sous le pont centenaire de la SNCFA, conçu et réalisé par Gustave Eiffel. La réouverture de ce chemin ferait le bonheur des randonneurs. Il est utile de rappeler qu'un circuit pittoresque riche en chlorophylle était fréquenté par les pistards. Ce fameux circuit prenait naissance à Sidi Tahar en passant par El-Bâal, le moulin M'cifi, en longeant ensuite le canal du Nazaréen, sur le flanc du Djebel Hanaf. Ainsi, El-Ourit reviendra un autre centre d'attraction et de festivités pour les visiteurs, routiers, touristes... Accoudés sur la balustrade, mes amis et moi avons longtemps médité et remémoré l'ancien temps en fredonnant un refrain de la musique andalouse, qui nous semblait venir du fin fond du ravin et des jardins en écho: «M'chaou ou khellaouni, ou ghabou âaliya lahbab ou lashab. Khellaouni wahdi wbkit wahdi. Wkich naâmal ya lahbab, debrou âaliya...» Ensemble, nous lui avons répondu du fond de nos coeurs. Voilà, ils sont revenus te redonner vie, le mérite et les honneurs auxquels tu as droit, en souvenir des anciens: M'chit lel-Ourit, El-Ourit pour te contempler...