L'argent du pétrole a toujours fait saliver. Il a surtout déchaîné les passions, et les démons de la guerre. Pas seulement militaire. Il a également provoqué des coups d'Etat, des coups de gueule, des coups bas, et des coups pour rien. Tout ça pour dire que le pétrole restera, et pour longtemps, quoi qu'en disent les experts en énergie écolo, le carburant par excellence du 21e siècle. Le problème, tout le problème, réside dans son utilisation et la distribution au peuple de la planète des revenus et des plus-values que les recettes pétrolières génèrent et qui, souvent, vont dans les poches des grands groupes pétroliers. Plus près de nos préoccupations en Algérie, le pétrole a été la source nourricière de notre développement. Et la crise économique actuelle qui sévit dans le monde ne nous arrange pas. D'autant que les prix pétroliers sont affreusement bas par rapport à ce qu'ils étaient il y a une année. L'OPEP, qui veille au grain, veut un baril à plus de 70 dollars, pour maintenir les prix à un niveau acceptable pour les pays producteurs. Mais, surtout, pour éviter le branle-bas de combat que l'on commence à entendre dans certains pays, et pourquoi pas en Algérie, pour parer à une baisse drastique des revenus pétroliers en 2009, sur le sillage de la crise économique mondiale. Car les 150 milliards de dollars promis pour le prochain quinquennat pourront rétrécir si, d'ici là, les prix du brut n'augmentent pas. Le nouveau gouvernement devrait composer avec des recettes pétrolières en deçà des prévisions, avec un budget qui n'assure pas une réelle aisance financière pour le Trésor national. Et, à ce niveau, il n'y a pas de clause particulière, du genre «pétrole contre développement», dans le sens qui voudrait que l'argent du pétrole, en fait le surplus gagné grâce à des cours en hausse, soit redistribué sur les ménages en forme d'augmentation des salaires et de projets de développement social encore plus importants pour les cinq prochaines années. C'est clair que les prix pétroliers ont une incidence directe sur l'économie algérienne, moins parce qu'ils conditionnent la nature de notre pain quotidien que par le fait que nos rentrées d'argent frais ne proviennent que des exportations pétrolières. A part ça, il n'y a rien. Les 100 à 200 millions de dollars que procurent à l'économie nationale les exportations hors hydrocarbures suffisent-ils pour nous nourrir ? Non, bien sûr. Car nous sommes évidemment incapables de gagner de l'argent autrement que par la vente de pétrole. Et, s'il ne s'agit pas pour nous de pétrole contre nourriture, encore faut-il dorénavant gérer les crises cycliques qui affectent ce secteur sensible, car le développement national en dépend. Autant par une meilleure affectation des ressources que notre sous-sol génère, que par la garantie d'un avenir meilleur pour les prochaines générations. Qui, elles, doivent trouver intacte leur part de pétrole. Leur part de bonheur. Leur droit au développement social. N'est-ce pas ?