De plus en plus d'opérateurs activant dans le domaine de l'importation commencent à hausser sérieusement le ton pour dénoncer ce qu'ils qualifient de « situation désastreuse » qu'ils disent « subir au niveau du port d'Oran ». «Manque de moyens de levage des conteneurs, des délais excessifs pour le traitement des marchandises conteneurisées et des surcoûts inutiles », sont autant de problèmes qu'ils affirment rencontrer régulièrement au niveau de l'enceinte portuaire. Pour le directeur général de l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO), M. Semcha Mohamed, « La situation telle que présentée par les contestataires est loin de refléter la réalité du terrain, même si, a-t-il admis, il arrive parfois que l'Entreprise qu'ils dirige manque de moyens de levage opérationnels pour une période tout à fait limitée dans le temps, sans que cela n'influe d'une manière significative sur le flux des marchandises. « Certes, nos moyens actuels ne répondent pas complètement à nos aspirations. D'où notre programme d'investissement pour l'année 2009 qui comprend une vingtaine d'opérations d'acquisitions de nouveaux équipements. Cela n'empêche, a-t-il expliqué, que « les moyens existants, on les utilise au maximum en assurant des services en H 24 (système 3x8). L'inconvénient résultant de cette cadence soutenue, c'est que si un jour on dispose de huit chariots élévateurs opérationnels, il se pourrait que le lendemain, deux seulement le restent, car les six autres sont immobilisés pour maintenance ». « Pour baisser la charge sur nos moyens existants et augmenter notre rentabilité, on a prévu dans notre programme d'investissement l'acquisition notamment de deux remorqueurs, huit chariots élévateurs de 10 tonnes, quatre autres de 28 tonnes et encore quatre de 42 tonnes. Le programme, qui comprend également des tracteurs RoRo, des tracteurs routiers et des cavaliers gerbeurs, est d'ores et déjà budgétisé et approuvé par le Conseil d'administration, mais doit impérativement passer par le Groupement d'intérêt commun relevant de la SOGEPORT, qui, par souci d'économie, assure des achats groupés au profit des dix ports commerciaux du pays. C'est la procédure à suivre », a-t-il précisé. Mais pour certains opérateurs économiques, « le problème n'est pas autant le manque de moyens de levage que la mauvaise affectation de ces moyens par la commission de placement ». Cette commission a, pour rappel, comme mission de placer les navires au niveau des quais appropriés et de leur affecter les moyens de levage nécessaires. D'après les mêmes sources, cette affectation des moyens n'est pas toujours assurée d'une manière justifiée. « Des céréaliers sont souvent placés dans la zone à conteneurs, parce que celle-ci dispose de deux grues performantes, alors que le quai spécialisé dans les céréales, là où il y a le silo, et qui dispose de trois modes distincts de déchargement, reste inoccupé ». Au même moment, des navires à conteneurs attendent en rade que le céréalier ait finit de décharger pour libérer le quai situé dans la zone conteneurs », affirment-ils. Pour sa part, M. Boutouil, directeur de la capitainerie et président de la commission de placement, assure que le travail de la commission se fait en toute transparence. Instituée par arrêté ministériel datant du 11 janvier 1988, cette commission est composée, a-t-il précisé, en plus du directeur de la capitainerie qui assure la présidence, du chef de département de la manutention (direction de l'exploitation), de l'officier du port chargé des mouvements et de la protection civile en cas de marchandise présentant un risque. Peuvent également assister comme observateurs, a-t-il ajouté, les représentants des armateurs nationaux et les opérateurs économiques, même si, a-t-il précisé, « ces derniers ne viennent jamais ». Pour M. Boutouil, le travail de la commission est loin d'être une tâche facile, car il doit mettre en ligne de mire plusieurs paramètres à la fois : la taille et le tonnage des navires, le tirant d'eau des quais, la disponibilité des quais, le caractère des marchandises, la disponibilité des moyens appropriés... « C'est un véritable puzzle qu'on doit composer ».