La tournée européenne du nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, le colon fasciste Avigdor Liberman, coïncide avec la convention de l'Aipac, le lobby officiel sioniste à Washington. La conjonction de ce déplacement et de cette réunion permet aux Israéliens de relancer, avec l'appui de leurs alliés occidentaux, une campagne de propagande de grande envergure contre l'Iran. Entamée à Genève lors de la conférence sur le racisme dite Durban II, la campagne est destinée à reconstruire l'image très dégradée d'Israël après la sanglante agression de Ghaza et de modifier la perception - majoritairement négative - du gouvernement Netanyahu. L'élection d'une majorité extrémiste révèle crûment le tropisme « pied-noir » prégnant chez les Israéliens. Le gouvernement formé par Benjamin Netanyahu associe le « travailliste » Barak et le partisan le plus décomplexé de l'apartheid sioniste, promu à la tête de la diplomatie israélienne. Pour ceux qui en doutaient encore, le message est clair : les différences idéologiques ne signifient plus grand-chose au regard de la cause sioniste dans sa déclinaison la plus maximaliste. Le Premier ministre israélien refuse même l'idée d'un Etat palestinien réduit à une peau de chagrin. Son ministre des Affaires étrangères préconise tout simplement l'expulsion des Arabes israéliens pour créer un Etat ethniquement homogène. Ces personnages sont pourtant reçus en grande pompe et reconnus comme des interlocuteurs responsables par des Occidentaux qui portent le fardeau écrasant d'une culpabilité sélective. Les dirigeants israéliens, confrontés à l'accusation étayée par un rapport des Nations unies de crime de guerre, ont donc choisi d'utiliser l'écran de fumée iranien pour se camoufler et faire diversion. Le problème est que cette tentative grossière de manipulation des consciences n'est pas contrée à voix haute et intelligible par les responsables politiques officiels du monde arabe. A l'inverse, certains oeuvrent à accréditer la thèse fumeuse de la « menace » iranienne et réservent leurs critiques au Hezbollah ou au Hamas. Le silence des régimes arabes est une désertion sans honneur. Il encourage les plus radicaux des partisans d'Israël, à l'instar du « démocrate » John Kerry, à exiger que les Arabes normalisent complètement leurs relations avec l'Etat colonial « en levant leurs embargos et en autorisant les survols de leurs territoires par les avions israéliens ». On attend toujours qu'une voix arabe exprime son indignation. Qu'attendent donc les Etats arabes pour signifier que leur plan de paix, regardé avec mépris par Israël, n'est plus sur la table ? Leur attitude timorée face à l'arrogance d'Israël et la duplicité des Occidentaux ne sont en tout cas guère compréhensibles. Les opinions arabes, elles, ne sont pas dupes sur les diversions destinées à faire de l'Iran un problème primordial, justifiant un abandon sans gloire des Palestiniens.