Voilà, j'ai lu votre article «L'arabisation aveugle» paru dans Le Quotidien d'Oran (21 Mai 2009) et Al Watan (22 mai 2009), avec beaucoup d'attention. Je dois vous avouer mon estime ; même si je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait que le français «est l'un des moyens pour accéder à l'universel pour nous, algériens». Que dire donc de l'anglais pour nos enfants et petits enfants que je qualifie de génération numérique condamnée à utiliser cette langue universelle ? Comme je dois vous dire que je peux être tout à fait en désaccord avec vous sur la question Culture/langue. On peut être imprégné d'une culture sans avoir besoin d'acquérir ou d'utiliser sa langue; c'est le cas de la culture arabo-musulmane; ou même de la culture française porteuse des idéaux humanistes et rationnels, laquelle je suis, d'ailleurs, l'un des écrivains arabophones algériens marqué et imprégné par son apport. Concernant une certaine arabisation hâtive, politicienne et idéologique; sectaire et démagogique, je me souviens que j'étais tout le temps contre; je l'ai même combattu par le biais des comités pédagogiques et de volontariat lorsque j'étais encore étudiant à l'université d'Oran -les années 70- lors de la montée de la tendance Baathiste, Iraquienne surtout; suivie par la mouvance fondamentaliste. C'est dire que, œuvrer par la création littéraire, pour que la langue arabe trouve sa place qui lui revient dans une société berbero-arabo-musulmane, n'était et ne serait jamais une tâche vaine, pour un écrivain arabophone comme moi ; qui a toujours lutté pour la diversité d'opinion, le respect des choix linguistiques de ses amis et collègues francophones et berbérophones. Donc, Cher monsieur Yazid Haddar, je n'ai jamais partagé les idées d'hommes politiques qui nourrissent l'ancien faux clivage à base idéologique ; ni même épousé les opinions de certains intellectuels francophones qui voilent l'un de leurs yeux quand il jettent leur regard sur Une Algérie multiple et diversifiée par les belles couleurs que ses enfants, tous ses enfants, ont dessiné par leur sang à travers son histoire Je vous signale par là que ce qui a été écrit sur moi dans le quotidien Al Khabar, que vous avez cité comme référence, est un commentaire personnel de l'un de mes amis journalistes que je respecte. Pour mieux vous rapprocher de mon opinion sur la question, je vous invite à lire l'intégrale de mon témoignage présenté à Tunis lors de la dernière foire du livre de Tunis, publié dans la presse algérienne arabophone. Cher monsieur Yazid Haddar, vous avez remarqué que mon français n'est pas tout à fait exact; c'est un français réfléchi par l'arabe; car j'ai prémédité de vous écrire dans cette langue que j'admire, pour vous témoigner toute la considération que j'apporte aux écrivains francophones algériens liés à cette Algérie qui nous rassemble, nous arabophones, francophones, berbérophones, pour la faire avancer vers un avenir aux couleurs multiples.