51% aux Algériens dans tout projet d'investissement étranger et 30% de parts algériennes dans les sociétés d'import étrangères, avec effet rétroactif pour celles qui sont déjà en activité. Ces décisions du Premier ministre, après avoir suscité un débat interne, s'attirent les foudres de l'UE. Dans un langage qui se veut diplomatique et ferme, la baronne Ashton, commissaire européenne au Commerce extérieur, déplore vivement la nouvelle réglementation. Les mesures seraient contraires aux dispositions de l'accord d'association et créeraient un climat d'incertitude juridique préjudiciable aux investissements étrangers en Algérie. Les autorités algériennes sont donc aimablement invitées à revoir leur copie. Il est possible, sous réserve d'un examen par des juristes, que certaines dispositions ne s'inscrivent ni dans la lettre ni dans l'esprit du fameux accord d'association. Les Algériens, pressés d'aboutir à un accord et appâtés par la promesse de soutien européen à l'adhésion à l'OMC, avaient sans doute considéré que le démantèlement tarifaire était un pis-aller. L'air du temps était ultralibéral. Ils découvrent, à l'expérience, que l'ouverture sans contrepartie et sans garde-fous aboutit naturellement à une dépendance accentuée vis-à-vis des importations. Les Européens ne peuvent le nier : l'accord d'association n'a pas procuré de bénéfice à l'économie algérienne. Il n'a pas entraîné l'afflux des fameux IDE du discours économique. Or, c'est bien à ces niveaux que se situent les enjeux et que les révisions sont nécessaires. En la matière, le principe de réalité commande. On l'a bien vu, la doxa libérale des Européens n'a pas résisté à la crise financière : les professions de foi sur la liberté de circulation des capitaux ont vite été démenties par les dispositions visant à contrôler les fonds souverains non européens. Les mesures algériennes et les réactions européennes sont l'expression exacte de l'échec d'un accord d'association qui tient pour négligeables les exigences de développement et fait la part belle à la religion du marché « libre ». Une association, pour être viable et pérenne, doit tenir compte des contraintes des parties qui la paraphent. La liberté de circulation des capitaux, rappelée par Mme Ashton, est une disposition léonine qui reflète et installe le déséquilibre des rapports entre une région riche et un pays pauvre, disposant malgré tout des moyens que lui confèrent ses ressources fossiles. Cette liberté, essentielle aux yeux des Européens, n'est assortie d'aucune clause de sauvegarde ou de dispositions concrètes visant à stimuler réellement les investissements en Algérie. On n'est pas, c'est le moins que l'on puisse dire, dans un accord « gagnant-gagnant ». Les négociateurs algériens ne sont pas indemnes de critique à cet égard. il ne s'agit surtout pas de faire porter un chapeau trop grand à telle ou telle partie. La responsabilité de l'inefficience est partagée. Le constat impose à tous ceux qui souhaitent le rapprochement des deux rives de la Méditerranée de consentir à une remise à plat des relations bilatérales. L'accord d'association ne peut se résumer à un miroir aux alouettes, où la possibilité d'aspirer les ressources algériennes n'est assortie d'aucun engagement pratique pour contribuer à sortir du piège du sous-développement.