Une circulaire du ministère de la Santé fait, actuellement, polémique au sein de la corporation des pharmaciens. La nouvelle directive de la tutelle d'écarter le conseil de l'ordre des pharmaciens des décisions d'installation des officines a créé une tension parmi les professionnels et fait réagir le conseil national qui devait se réunir, hier, pour exprimer sa position par rapport à cette circulaire, mal appréciée par la corporation. Que dit le document qui sera adressé, ces jours-ci, à toutes les directions de la santé pour son application ? Selon le président du conseil de l'ordre de la région ouest des pharmaciens, M. Merad, «il s'agit d'une directive qui fait fi de la loi 85/08 déjà en vigueur qui donne droit au pharmacien à l'exercice de la profession après inscription sur la liste du conseil et fixe les conditions d'ouverture des officines en respectant le nombre d'habitants et la distance séparant une pharmacie d'une autre. En effet, la réglementation stipule clairement qu'une officine doit couvrir 4.500 habitants et doit être installée à 200 mètres d'une autre. Or, avec l'application de la nouvelle circulaire, explique le représentant du conseil de l'ordre régional, c'est l'anarchie qui va prendre place, puisque sans l'implication du conseil de l'ordre pour donner son avis, l'ouverture des officines sera à volonté sans aucun respect des normes». Le conseil de l'ordre national a réagi à cette décision du ministère en provoquant une réunion, hier, pour décider des suites à donner à cette note. Entre-temps, les conseils régionaux sont mobilisés pour dénoncer ce qu'ils qualifient de «circulaire qui piétine la loi en vigueur». De son côté, le représentant du syndicat des pharmaciens d'officines SNAPO d'Oran, M. Belaroussi, a souligné que la décision du ministère va contribuer à instaurer une anarchie au moment où le marché des officines est saturé. «Les promotions de pharmaciens qui sortent chaque année dépassent la demande en matière d'ouverture des pharmacies. Le dossier est déjà difficile à gérer pour le conseil de l'ordre et la circulaire du ministère ne va que rendre plus complexe la situation, puisque le conseil de l'ordre, habilité à veiller au respect de la réglementation, ne peut plus donner son avis sur l'installation des officines». Un fossé vient donc de se creuser entre le ministère et le conseil de l'ordre et un bras de fer risque d'opposer les deux parties si la tutelle maintient la même position.