La publication des résultats semestriels de deux des plus importantes banques françaises, BNP Paribas et Société Générale, montre deux situations contrastées mais confirme une évolution rassurante du système bancaire européen face à la crise, estiment les spécialistes. BNP affiche un résultat en nette progression alors que sa rivale, un peu flétrie, annonce un solde positif mais en fort recul par rapport à l'année écoulée. BNP Paribas enregistre un bénéfice en progression de 6,6% par rapport à la même période de l'an dernier, grâce à l'apport de la banque belge Fortis et à des performances supérieures aux prévisions dans ses activités de marché. La Société Générale quant à elle rapporte un bénéfice net divisé par deux (-52%) au deuxième trimestre à 309 millions d'euros. Les comptes de la banque sont sévèrement affectés par des aléas exceptionnels ainsi que par un coût du risque élevé. Mais ce chiffre est malgré tout supérieur aux attentes, estiment les analystes qui tablaient sur un résultat inférieur à 100 millions d'euros après un premier trimestre qui s'était soldé par une perte de 278 millions d'euros. Société Générale semble ainsi émerger d'une zone de turbulence inaugurée en 2008 par la fameuse affaire Kerviel, du nom d'un trader «incontrôlé» ayant entraîné une perte de 5 milliards d'euros à la banque, et par des expositions très importantes aux opérations dérivées. La sophistication de marché dont se targuait la banque s'est cruellement retournée contre elle dès les premiers craquements de la crise des subprimes. Société Générale rassure néanmoins les analystes et les investisseurs qui constatent un redressement des comptes dans un contexte moins préoccupant. Le pire est peut-être passé Les résultats des banques françaises dans le sillage de ceux annoncés lundi par les britanniques HSBC et Barclays, et mardi pour Standard Chartered, avaient également agréablement surpris les marchés. Malgré le poids des créances douteuses dans leurs portefeuilles, ces banques affichent des résultats encourageants et confortent les marchés dans leur perception que le pire de la crise financière est passé pour les banques européennes. L'italienne UniCredit a pour sa part fait état d'un résultat du deuxième trimestre en net repli par rapport à il y a un an mais sensiblement supérieur aux attentes des analystes du marché bancaire. Même la suisse UBS, en dépit d'une perte trimestrielle plus importante qu'anticipée, a partiellement rassuré les investisseurs après qu'il est apparu que les comptes de la banque suisse, l'établissement européen le plus touché par la crise financière, ont été dégradés par d'importantes charges exceptionnelles. Ce panorama plutôt positif est cependant nuancé par les très importantes pertes de la banque britannique Lloyds Banking Group (LBG), fruit du mariage entre Lloyds TSB et Halifax-Bank of Scotland (HBOS) au premier semestre. LBG affiche un déficit de 3,7 milliards d'euros contre un bénéfice de 2,3 milliards à juin 2008. Ce résultat désastreux est imputable au gonflement des provisions sur créances douteuses qui atteignent près de 16 milliards d'euros, bien plus que ce qu'attendaient les analystes. Satisfaction tempérée L'essentiel des provisions concerne le secteur des crédits immobiliers, spécialité de la défunte HBOS. LBG est désormais détenu à 43% par l'Etat britannique. Le cas de LBG mis à part, les banques européennes semblent sur la voie de la rédemption mais prennent soin d'éviter tout triomphalisme et font preuve d'une grande prudence dans les commentaires qui accompagnent la publication de leurs résultats intérimaires. Cette attitude de satisfaction très tempérée est emblématiquement exposée par la Deutsche Bank. Le bénéfice net du grand établissement financier germanique a bondi de près de 70% au premier semestre. Mais les provisions pour pertes de crédit sont également en forte progression. Deutsche Bank a annoncé mardi une hausse de 68% de son bénéfice net au deuxième trimestre à 1,092 milliard d'euros, grâce notamment à ses activités de banque d'investissement, mais la forte augmentation du coût du risque indique que la première banque allemande anticipe une période de ralentissement de l'activité économique. Le résultat net du groupe allemand dépasse largement en effet les hypothèses des analystes. Avec 1,32 milliard d'euros, les bénéfices ont plus que doublé par rapport à juin 2008. Dans le même temps, les provisions pour créances douteuses ont augmenté pour atteindre un milliard d'euros sur la période avril-juin, contre 135 millions au deuxième trimestre 2008 et 526 millions sur les trois premiers mois de cette année. Le président du directoire, Josef Ackermann, de Deutsche Bank a déclaré que la banque est «bien préparée à un environnement incertain» d'ici la fin de 2009. Enfonçant le clou, le banquier allemand a tenu à souligner que les perspectives pour le reste de l'année sont «fortement influencées par l'évolution de l'économie mondiale». On ne saurait être plus clair pour exprimer la prudence face au caractère imprévisible de l'économie mondiale. Les banquiers tempèrent ainsi l'optimisme des marchés et des politiques qui considèrent que l'issue de la crise est proche.