Adel et ses compagnons de galère ne sont ni des Palestiniens, ni des Irakiens, ni encore moins des «talibo-afghanis», et pourtant ils ont passé quatre mois dans les geôles israéliennes avant d'être libérés et remis au Croissant-Rouge algérien via l'ambassade de Jordanie. Mais que leur reproche-t-on au juste ? Les quatre jeunes Algériens, partis de Oum Toub, dans la wilaya de Skikda, auraient été victimes, selon un vrai faux «mythe», d'une traîtrise de la part d'un passeur grec véreux, alors qu'ils voulaient se rendre en Italie via la Turquie et la Grèce. Mais là où «l'histoire» paraît plus cabalistique selon un «scénario» parallèle du mauvais film tourné à blanc par les quatre harraga algériens, c'est que, semble-t-il, c'est les Algériens eux-mêmes qui se seraient volontairement fait passer pour des Palestiniens pour éviter une expulsion vers leur pays d'attache. Mais qu'est-ce qui a dû se passer dans la caboche de ces harraga algériens pour se faire passer pour des ressortissants «déguisés en apatrides» du pays de feu Abou Amar plutôt que de la terre du bien vivant Tayeb El-Watani ? Ici faux portrait croisé d'un Palestinien et son congénère algérien dans une quête sans quai ni halte à destination d'une vie plus «vivable» et un monde où l'élégance ne meurt pas foulée aux pieds des lourdauds. Le Palestinien n'a pas de terre «non glisseuse» ni des soldats en tenue de combat, capables de le défendre contre l'ennemi aux sept têtes, mais il a un drapeau en tissu de fabrique locale, des partis politiques extra-muros et des roquettes dans le rôle d'épouvantail pour faire peur aux oiseaux de mauvais augure. L'Algérien, lui aussi, a une terre, un drapeau, des partis politiques trisomiques parce que victimes de mauvaises manipulations de laboratoire, une prodigalité d'or noir, un foisonnement de blé... étranger et même des avions ultramodernes, mais pas de boulot, ni de logement, ni de permis d'aller de l'avant parce que coincé dans son starting-block «piégé» par des pieds bots. A part le «coup de main» ami, vite oublié par le coup de pied ennemi et quelques offrandes pour ne pas se sentir trop à l'»étroit» dans sa terre détournée, le Palestinien n'a rien pour vivre, mais (sur) vit pour décrocher un morceau de terre un jour qui viendra. L'Algérien, lui, vit dans un pays aux dimensions quasi cosmiques mais souffre d'une claustrophobie qu'aucun toubib n'a pu diagnostiquer. Au point que vivre contorsionné dans un cube d'eau froide est pour lui (l'Algérien) un jardin d'Eden que n'offre même pas un pays inoccupé aux trois quarts de sa superficie en friche. Même qu'un harrag du pays de Mahmoud Darwich ne regarde pas dans la même direction qu'un harrag algérien, pro parmi les pros dans l'art de la fuite vers l'ailleurs. Le premier quitte son pays pour fausser compagnie à l'odeur irrespirable de la faucheuse et gagner un temps... soit peu en longévité, et le deuxième qui défie les lois de la géographie (sans confirmer le «jugement» de l'Histoire) pour abréger sa vie dans un dernier râle, offert en macabre symphonie aux planctons. Aussi vrai que ce pays ressemble comme deux gouttes d'eau en suée à ce corps dont les organes vitaux sont très malades, la sardine est-elle la seule à pourrir par la tête après sa mort ? Et même si la chirurgie fait du bien, là où elle a pour «vocation» de faire mal, seul le bistouri est à même de réparer un organe malade et lui éviter une douloureuse amputation. Mais, au fait, peut-on arracher une tête pourrie à un corps moribond ?