Plusieurs années après sa création, la Bourse d'Alger affiche un bilan des plus mitigés. Face à ces contre-performances, un plan de modernisation a été mis en branle par cette institution financière. « Ce plan, qui est en phase d'approbation, vise à la fois l'amélioration qualitative et quantitative des indicateurs d'activité au niveau du marché boursier. Le plan s'étalera sur une durée de 24 mois», explique un responsable de cette bourse. Actuellement, les activités de la Bourse se limitent principalement à l'organisation des séances de négociations sur des valeurs mobilières inscrites à la cote officielle. La Bourse ne compte que deux actions cotées : des actions de l'EGH El-Aurassi, celles de Saïdal ainsi que des obligations de Sonelgaz, Algérie Télécom, Air Algérie et du groupe Dahli. Les activités de la Bourse consistent à tenir les séances de façon à permettre la négociation et la liquidité de ces titres. Deux séances se tiennent par semaine, pour les valeurs mobilières émises par les sociétés. La Bourse organise également des séances quotidiennes de cotation sur les titres des Obligations Assimilables au Trésor. Actuellement, l'encours avoisine 170 milliards de dinars. L'encours des 5 obligations s'élève, quant à lui, à 84 milliards de dinars. Les titres cotés à la Bourse d'Alger sont au nombre de 7 titres corporatifs et de 20 titres émis par le Trésor public. Dans les titres corporatifs, la bourse compte deux actions et 5 obligations. Premier groupe à subir un revers : Eriad Sétif s'est retiré de la Bourse d'Alger. Une expérience qui n'était pas très positive en dépit d'un démarrage pourtant prometteur. La situation financière du groupe s'est détériorée suite à une concurrence imposée par le marché. Le groupe a été obligé de céder le titre afin d'aller se positionner sur une forme de placement plus rentable. Le cours a fléchi sur le marché et il ne reflétait pas la valeur du groupe. Ce dernier a préféré se retirer du marché pour permettre une restructuration de ses filiales et notamment celle de sa stratégie à la fois commerciale et financière. Actuellement, le groupe commence à peine à respirer et dégage des bénéfices. L'introduction en Bourse se fait par des opérations d'offre publique de vente. Ces opérations sont en quelque sorte imposables. Le niveau d'imposition décourage les opérateurs économiques. Une contrainte se pose : la fiscalité empêche certains émetteurs d'effectuer des opérations et d'effectuer des cotations. Concernant les emprunts obligataires, certains ont été une réussite totale alors que d'autres ont donné des résultats mitigés. L'investissement sur le marché obligataire a jusque là été frileux en Algérie. Cette frilosité s'explique par la faillite des banques privées locales qui ont causé des pertes colossales aux déposants. Le nombre des souscripteurs a atteint 1 259, soit davantage que l'emprunt d'Algérie Télécom lancé en 2006. Par ailleurs, à la Bourse d'Alger, l'on considère que la loi de finances de 2009 et la loi de finances complémentaire 2009 ont apporté quelques avantages au marché boursier : le premier consiste en les facilités attribuées aux sociétés nouvellement constituées. «L'orientation vers l'actionnariat national permettra éventuellement le développement du compartiment action au niveau de la Bourse. Les opérateurs économiques, étrangers notamment, voulant créer des entreprises, devront détenir 49% et 51% pour les nationaux. Pour mieux diffuser la prise de participation des nationaux, ces entreprises vont éventuellement recourir au marché financier en émettant des actions dans la Bourse», analyse un observateur du marché boursier. Autre avantage : l'exonération fiscale qui a été reconduite sur les titres cotés dans les marchés organisés qui facilite actuellement le placement des titres obligataires ou de capital auprès des investisseurs qui sont nets d'impôts. Pour les économistes, positionner la Bourse au coeur de la croissance de l'économie, à travers un marché de capitaux dynamiques, est un objectif «difficile à atteindre» en l'état actuel des choses. La Bourse d'Alger n'a enregistré aucune nouvelle émission depuis longtemps. Le marché des obligations, à l'opposé de celui des actions, semble plus propice au développement de l'activité boursière en Algérie. L'autorité chargée de délivrer son visa aux entreprises sollicitant la levée d'emprunts obligataires (la Cosob) peut en témoigner, elle qui a donné son aval à plusieurs entreprises tel la Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie, Algérie Télécom et d'autres opérateurs publics du secteur pétrolier... Le succès du marché des obligations est tel en Algérie qu'il a fait des émules parmi les groupes privés aussi.