L'euphorie engendrée par la mise en service des autorails flambant neufs sur les lignes de chemins de fer longtemps délaissées ainsi que sur d'autres lignes neuves créées récemment, n'aura été finalement qu'une courte parenthèse très vite refermée. En effet, les nouvelles lignes reliant le chef-lieu de wilaya du vieux rocher à un certain nombre de villes de l'Est du pays par des autorails ultramodernes, récemment acquis par la SNTF, et annoncées en grande pompe tout juste le printemps dernier, n'auront fait illusion que l'espace de cette saison. Ainsi, pour des raisons de prix excessifs et de concurrence que les chemins de fer n'auront pas été capables de relever, l'on a pas hésité à opérer «la suppression presque en catimini de la ligne Constantine-M'sila, où les trains circulaient pratiquement à vide», ne cessaient de commenter des voyageurs rencontrés à la gare centrale de la ville des ponts. Cette gare promettait pourtant, dès le mois de mai écoulé, de sortir de sa léthargie dans laquelle elle vivait depuis quelques années déjà, puisqu'elle n'assurait plus comme gare intermédiaire que les relations de grandes distances (Constantine-Alger, Constantine-Annaba...), en mettant en service deux lignes vers M'sila et Tébessa en un aller et retour quotidien ainsi que Constantine-Skikda en deux allers et retours dans les deux sens. Malheureusement la concurrence avec les autres moyens de transport détenus par des privés a mis à rude épreuve la société des chemins de fer qui n'a pu relever le défi, car ses tarifs, de l'avis de tous les usagers, «étaient plus qu'exagérés». Faute de clients, elle a dû donc arrêter l'exploitation de la ligne Constantine-M'sila, sans exclure qu'il en sera de même pour celle assurant le trajet Constantine-Tébessa, qui se fait actuellement sans voyageurs pratiquement. Ainsi, ce trajet par autorail sur cette ligne coûte 720 dinars, contre uniquement 250 dinars dans un bus privé, soit un prix trois fois supérieur. Il en est de même, à peu près, pour la nouvelle ligne reliant la ville du vieux rocher à M'sila, où le trajet affiché par la société ferroviaire était de 800 dinars, et celui de Constantine-Skikda est de 250 dinars, alors que les tarifs appliqués par les bus et les taxis étaient moins excessifs. Les différences de prix par rapport à ceux proposés par les autorails se situent dans tous ces cas dans des proportions à peu près équivalentes à trois fois le prix d'un voyage par route. Cette politique estimée «désastreuse» par les usagers a fini par faire fuir le client qui regarde plus souvent sa poche que le «confort» de l'autorail. Pourtant, disent des cadres de l'entreprise, la direction régionale de Constantine adresse régulièrement des statistiques de recettes «négatives» à la direction générale. Le ministre des Transports avait assuré en avril dernier, lors de son passage à Jijel où il a annoncé l'ouverture au trafic voyageurs, que les tarifs seraient sensiblement pareils à ceux appliqués dans les autres trains.