C'est parce qu'elle se doutait un peu de la portée de sa dernière prise de position, qui a été on ne peut plus claire quant au soutien des Etats-Unis à leur allié Israël, que Hillary Clinton a décidé d'ajouter à la dernière minute la destination du Caire à son voyage. Après son entretien avec Hosni Moubarak, auprès duquel elle a dû sans doute prendre la température au lendemain de ses déclarations de Marrakech, la secrétaire d'Etat américaine a tenté ce mercredi de mettre un bémol dans ses paroles à l'endroit des Arabes, et ce en déclarant que «Washington n'acceptera pas la légitimité des colonies israéliennes en Cisjordanie et exige que leur construction soit arrêtée pour toujours». Encore une de ces belles phrases dont la diplomatie américaine a toujours su bercer «l'amour-propre» des Arabes. Encore un de ces anesthésiants que les secrétaires d'Etat américains ont su jeter sur la plaie qu'ils ouvrent l'instant d'avant dans l'âme des Arabes plus que dans leur peau. Depuis Marrakech, l'envoyée d'Obama a clairement signifié qu'elle ne posait aucun préalable aux Israéliens pour les négociations et qu'il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle exige un arrêt du processus de la colonisation. A peine quatre jours après, voilà qu'elle tente de faire semblant, depuis Le Caire, de se ressaisir en balançant des propos pour le moins douteux concernant la légitimité des colonies, sauf que, pour une diplomate et surtout lorsqu'il s'agit de celle des Etats-Unis d'Amérique, la parodie est cette fois trop flagrante. Rassurons-nous, Hillary Clinton ne s'est pas fait taper sur les doigts pour ses déclarations de Marrakech. De quoi s'agit-il cette fois alors ? S'agit-il de récupérer un Moubarak largué il n'y a pas longtemps au su de tous en faisant croire qu'il est pour quelque chose dans ces nouvelles déclarations ? S'agit-il de se reprendre après un dérapage réel ? Ou bien s'agit-il de faire croire que les promesses d'Obama, faites justement au Caire, à l'égard des Arabes tiennent toujours la route ? Il est difficile de croire qu'après les propos et les positions de Marrakech, il puisse y avoir encore des Arabes assez candides pour se remettre, encore une fois, aux illusions et au rêve. Un rêve qui ne finit pas de s'effriter au petit jour malgré les anesthésiants diplomatiques.