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Front social et économique Le réquisitoire des patrons
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 11 - 2009

Un certain cafouillage règne, actuellement, sur le front social et économique, ballotté entre remise en cause du système économique, réformes qualifiées de boiteuses et décisions qui se font dans une totale opacité.
L'absence de visibilité donne lieu à un malaise qui semble gagner de plus en plus toutes les strates de la société, outre les salariés qui attendent impatiemment la revalorisation du SNMG, dont l'évolution se fait au ralenti et en total déphasage avec le pouvoir d'achat et le taux d'inflation. Même le patronat commence à voir le terrain glisser sous ses pieds et entrevoit l'approche d'une période de vaches maigres, alors que le bas de laine est bien rempli et le matelas financier plus que confortable. Il semble aujourd'hui qu'en dépit de la loi de la pyramide qui différencie un salarié d'un patron, ces deux défient cette loi pour se rejoindre sur le même palier. C'est ainsi que le marasme continue à grignoter le terrain de l'optimisme.
Dans un communiqué, parvenu à notre rédaction, le Conseil supérieur du patronat algérien (CSPA) par la voix de son président Saïd Kahoul indique que «la situation économique de notre pays se caractérise essentiellement ces derniers temps par deux objectifs majeurs de nos gouvernants, à savoir comment réduire les dépenses commerciales liées à l'importation et le retour progressif à un dirigisme économique digne des années de plomb où les pénuries constituaient l'essentiel du quotidien de tous les Algériens». En enchaînant que «de ces deux facteurs, le gouvernement nous donne la preuve que nous sommes bien loin d'une relance économique et que ce dernier loin encore de penser à un quelconque développement donne l'impression d'être indécis quant à la démarche ou voie à suivre, puisque empêtré dans des considérations d'ordre politique ou existentiel». Le document ajoute que «la batterie de lois et décisions auxquelles nous assistons ces derniers mois ne sont pas pour atténuer le malaise quasi grandissant des opérateurs économiques qui attendent depuis des années un signe d'encouragement ou une mesure tendant à booster l'investissement productif autre que celui des pizzerias et des épiceries de quartiers».
Pour l'organisation patronale, «elles répondent de manière habituelle et peu habile à une situation explosive du front social en vue de réduire un tant soit peu une contestation liée à un ras-le-bol n'épargnant aucune couche de la société». Constatant qu'«il est en effet établi que la confiance de l'Algérien en l'administration s'estompe de jour en jour, voire même en voie de disparition, faisant place à un désintéressement prononcé à l'investissement ou à la participation à la vie active, convaincu plus que jamais d'un avenir meilleur ailleurs qu'en son pays... L'exemple des harraga, de la main-d'oeuvre chinoise, des jeunes cadres rémunérés par l'Etat à la moitié du SMIG, auxquels s'ajoute une lenteur administrative sournoise pour tout investissement porteur de richesse et d'emplois nouveaux sont autant de facteurs déterminant à plus d'un titre». L'absence de consultation est à l'origine de la confusion, selon le CSPA qui fait remarquer que «les différentes démarches arrêtées unilatéralement par nos gouvernants pour l'amélioration du climat d'investissement n'ont pu avoir d'impact positif en raison de la complexité et l'ambiguïté des procédures, aggravées par l'instabilité et l'application à contresens d'une réglementation à deux vitesses qui dissuade l'investisseur à travers un parcours administratif laborieux et éreintant».
Précisant que «le traitement de ces problèmes est d'une importance capitale pour le futur immédiat et ne peut trouver de solution qu'à travers une mobilisation accrue et combinée du législatif et de l'exécutif avec le concours de la société civile et dans une large mesure de la population». En se référant à «l'expérience des pays développés montre que les systèmes économiques fondés sur le marché sont le meilleur cadre possible pour créer l'emploi, susciter une activité économique saine et améliorer les conditions de vie de la population. Néanmoins, les marchés ne créent pas nécessairement les conditions voulues pour leur bon fonctionnement». L'entité patronale propose pour générer des investissements reposant sur la libre concurrence «le maintien du cap d'une politique macro-économique appropriée, l'encouragement de l'investisseur et la participation des pouvoirs publics pour garantir le droit et mettre un terme, voire diminuer les effets néfastes dans la sphère économique sont évidemment nécessaires». Et d'ajouter «l'investissement a ses propres règles. L'absence de réglementation crée le chaos, trop de réglementation favorise la corruption et la bureaucratie, il s'agit donc dans une juste mesure de mettre en place et en urgence un système réglementaire transparent, prévisible et pérenne, faire en sorte que le privé soit actif et indépendant, mettre à disposition les assiettes foncières et les infrastructures établies capable de soutenir les entreprises créatrices de richesse et surtout s'intéresser de très près aux problèmes que vivent ces potentiels investisseurs dans les différents secteurs d'activité».
A condition, indique-t-il, que «le gouvernement contribue à créer un cadre convivial à l'investissement en régulant et en mettant en oeuvre les réformes nécessaires, qui sont parfois difficiles ou politiquement impopulaires mais vitales, hélas, pour l'avenir de notre pays tout en réduisant progressivement le rôle de l'Etat dans l'économie». Et ce, par «une réforme en profondeur de l'administration qui s'impose donc, avant d'envisager toute autre réforme sectorielle. En allégeant et assouplissant les procédures d'accès au foncier et développer des mécanismes et outils de financement adaptés à son acquisition, en diminuer les cotisations parafiscales de manière à encourager l'emploi. En mettant fin à la formule ANSEJ, et accompagner les jeunes désirant créer des micro-entreprises directement par un partenaire financier (banques) à des taux bonifiés. Sans oublier qu'il faut mener une lutte contre la corruption en interpellant certains responsables centraux et locaux sur les injonctions confirmées en matière d'octroi de complaisance de terrains ou de marchés en direction de pseudo investisseurs. Abolir la discrimination public/ privé. Arrêter l'hémorragie des contrats politiques avec main-d'oeuvre étrangère. Et enfin cesser de considérer l'Algérien comme incapable et faire confiance en son génie de relever les défis lorsqu'il s'agit de cause nationale», conclut le communiqué.


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