Photos : Riad La situation chaotique de la C-TO par les nouveaux membres du comité de participation est jugée beaucoup plus pessimiste ; alarmante même. Le CP ne prévoit rien de bon pour l'usine dans un avenir immédiat, d'autant que, selon ses analyses et déductions, la nouvelle direction, installée depuis le début de l'été 2008 n'est pas là pour repartir sur un bon pied et redémarrer la production et l'investissement de la C-TO. «La C-TO est complètement déstructurée ; pour améliorer sa situation, il faudrait un staff techniquement spécialisé, ayant un potentiel pour faire face à la déplorable situation dans laquelle elle se débat et a besoin, inévitablement, d'un gestionnaire ayant des compétences en gestion économique», conditionne M. Ali Bouhadjra, nouveau président du comité de participation de la C-TO, pour qui la direction actuelle, à sa tête le directeur par intérim, ne remplit aucune des conditions énumérées. Il qualifie de novices et très mauvais gestionnaires les responsables actuels de l'entreprise. «On s'est toujours démarqués de cette gestion ; depuis juin 2008, le nouveau directeur général par intérim, loin de répondre au profil de gestion dont nous avons besoin, a tout verrouillé, tout centralisé, sans esprit communicatif ; nous tenons à dénoncer cet état de fait», s'élève-t-il, entouré de quatre membres élus du CP. Le CP reproche à la direction son immobilité et ses multiples interférences dans le travail de l'usine. «Au lieu de s'occuper à donner un nouveau souffle à nos activités, de décrocher sa part au sein déjà de notre groupe de tutelle, de se battre pour l'intérêt de la C-TO, le directeur s'occupe de choses qui ne sont pas de ses prérogatives ou attributions. Sachez que nous manquons de produits, nous manquons de personnel qualifié dans les ateliers, nous fonctionnons sans organigramme, dans l'impossibilité de répartir les travailleurs ; de plus, nous ne sommes pas consultés dans la prise de décision, en tant que partenaire social, nous n'avons pas un droit de regard même lorsqu'il s'agit de la gestion des œuvres sociales… Ce directeur centralise tout, il fait comme si nous ne sommes pas là», dénonce M. Bouhadjra, qui travaille au sein de la C-TO depuis 25 ans. Il affirme également que le directeur ne répond pas à des doléances en rapport avec les organigrammes. «Une usine qui ne fonctionne pas avec un organigramme est vouée à l'échec et lorsque la main d'œuvre qualifiée s'en va, sans relève, comment voulez-vous que nous nous puissions relever les défis ; le directeur fait cavalier seul ; il est le responsable de l'inertie totale de la C-TO ; notre avenir est compromis, nous tournons en rond et les décisions concertées ne se prennent pas à cause de son comportement». Cette situation a mis les travailleurs dans une misère qui ne dit pas son nom. Un membre du CP déclare que les salaires sont très bas et jamais payés à temps ; les travailleurs contractent souvent des prêts pour payer une dette ou une ordonnance ; en plus des volets sociaux et de la recapitalisation (on parle de ramener le chiffre du capital de 150 à 20 milliards de centimes), la C-TO n'a aucun projet de recrutement. Actuellement, beaucoup de machines sont à l'arrêt et des produits qui peuvent être fabriqués en une semaine, le sont entre un et trois mois, faute de travailleurs. Le leader du CP souhaite que l'Etat reconsidère l'existence des entreprises publiques économiques, revoir la politique appliquée, comme par exemple la prise en charge des dettes pour permettre à l'entreprise de respirer «un petit peu». M. Bouhadjra parle d'«enjeux» qui se trament autour de la C-TO et dont il ignore pour le moment les contours précis, même si des doutes forts vont vers deux perspectives à court ou moyen terme, à savoir sa fermeture pure et simple ou sa privatisation. A ce sujet, il tient à dénoncer le fait que quand il s'agit de volets sociaux et de départs proportionnels, les autorités n'hésitent pas à payer ; l'argent est disponible mais l'argent disparaît subitement des caisses de l'Etat dès qu'il s'agit de plans de relance. Le CP demande, enfin, la réorganisation des tâches, avec des objectifs définis préalablement avec le partenaire social et l'ensemble des parties concernées. «La région de Kabylie vit un chômage endémique avec des taux qui font peur et sa population a naturellement besoin de création d'emplois pas de fermeture des entreprises locales», conclut le CP.