Sur les murs des maisons, des immeubles, sur les poteaux, sur les visages, les trois couleurs,vert, blanc, rouge, sont les témoins muets de l'amour des Algériens pour leur pays. Les capots des voitures ont été repeints et le drapeau algérien a remplacé leurs couleurs initiales. Cela demanda beaucoup d'argent mais ils sont nombreux à l'avoir fait. Tous les magasins, qu'ils soient luxueux ou non, dans les grandes villes où à la campagne, qu'ils soient d'habillement, d'ameublement, de produits alimentaires ou autres, et même le petit vendeur de cigarettes au bord du trottoir, tous arborent fièrement l'emblème national. Ceux qui n'ont pas peint leurs voitures ont accroché des drapeaux de différentes tailles sur le toit, sur le capot ou tout simplement à l'antenne radio. Et à mesure que le 14 Novembre approche, la tension monte, les Algériens, sportifs ou non, mordus du foot ou non, tous ressentent ce serrement au coeur propre aux grandes occasions. Beaucoup de jeunes profitent de cet amour grandeur nature pour proposer des tricots portant le numéro et le nom d'un joueur de l'équipe nationale, Ziani et Bouguerra étant les plus recherchés, des écharpes vert-blanc-rouge, des chapeaux aux mêmes couleurs mais aux formes différentes, et même une perruque de clown. Le drapeau algérien est proposé en différentes tailles, du plus petit au plus grand, à des prix plutôt élevés, mais les gens les achètent ans rechigner. Nous avons vu même des parapluies vert et blanc être proposés aux passants. Les tubes vantant les verts se trouvent partout, sur les trottoirs, aux devantures des magasins de musique, dans les librairies et même dans les taxiphones. Tout le monde se sent concernés, chacun essaie de démontrer son amour pour l'Algérie à sa manière. Quelques jeunes nous ont confessé qu'ils avaient acheté des feux d'artifice et qu'ils les préparent pour le grand jour, samedi, afin de les allumer en signe de joie après la victoire de l'Algérie. Ils sont si sûrs d'eux qu'ils en deviennent pathétiques. Mais le meilleur c'est que tous semblent avoir compris que ce n'était qu'un match et que les Egyptiens ne sont nullement en guerre contre nous. Mercredi, la tension est encore montée d'un cran et les processions de voitures, avec des jeunes accrochés aux portières, sur les tois, sur les capots ou encore le torse sortant de la fenêtre, sillonnent les rues et les ruelles, klaxonnant sans discontinuer, slalomant dangereusement sur la chaussée, ont déjà fait leur apparition. Aujourd'hui, et demain vendredi, ils seront plus nombreux, plus prolixes en chansons et en cris de victoire. C'est cela l'Algérie, et c'est notre tempérament méditerranéen qui prend le dessus, nous aimons très fort notre pays et tous les moyens sont bons pour le démontrer. Mais, attendons samedi pour voir.