Les manifestations du changement de climat sont déjà perceptibles à travers le monde : ici, sécheresse inhabituellement longue et températures anormalement douces, ailleurs, pluies diluviennes et inondations dans des lieux et des périodes jusque-là épargnés par ces phénomènes. Les scientifiques confirment la modification du climat et alertent sur l'accélération du réchauffement. La banquise fond à un rythme inégalé, faisant craindre des répercussions catastrophiques à plus court terme que prévu lors des premières constatations. Les plus sceptiques, qui ont freiné des quatre fers devant la nécessité d'une action collective pour ralentir, sinon interrompre le processus de dérèglement climatique, sont beaucoup moins audibles depuis quelques mois. Au nom d'intérêts étroitement nationaux, l'action de ces négationnistes, les néoconservateurs américains au premier chef, a en effet retardé de plusieurs années une action collective internationale, seule à même de produire des résultats concrets dans un laps de temps raisonnable. A deux jours de la réunion de Copenhague, un certain optimisme prévaut dans les milieux scientifiques et parmi les ONG de protection de l'environnement. La plupart des pays pollueurs ont annoncé des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Même s'ils sont encore en deçà de l'effort nécessaire, les programmes annoncés vont dans le bon sens. A Copenhague, il sera question de limiter de façon drastique les émissions des GES pour limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés. Pour les scientifiques, cet objectif impose la réduction de moitié des émissions mondiales d'ici 2050 par rapport à 1990, et de 80% pour celles des pays industrialisés. L'accord attendu sera basé sur des objectifs chiffrés de réduction des pays industrialisés d'ici 2020, si possible dans une fourchette de - 25 à - 40% pour suivre les recommandations des climatologues, et au minimum selon une projection permettant d'atteindre l'objectif de 2050. De leur côté, les grands pays en développement devront s'engager sur une série d'actions mesurables, reportables et vérifiables, destinées à infléchir la hausse rapide de leurs émissions dans le même délai. L'accord de Copenhague précisera les budgets, l'allocation des ressources, notamment en direction des pays les plus vulnérables, ainsi que le mode de gestion et de supervision de ces financements. Enfin, un système de contrôle des engagements et des actions programmées sera défini dans la perspective de transformer cet accord en un traité international d'ici la fin de 2010, à temps pour prendre le relais des accords de Kyoto qui viennent à échéance en 2012. Ainsi, par ses enjeux, la réunion de Copenhague est donc d'une importance capitale : elle permettra de mesurer le degré de responsabilité des hommes face à un risque collectif majeur. Mais le réchauffement climatique n'est qu'une conséquence. La cause essentielle de la détérioration des conditions globales réside dans la poursuite de l'exploitation des ressources de la planète dans une logique de profit et de consumérisme. L'élargissement du modèle libéral est hors de portée: il faudrait les ressources de trois planètes comme la nôtre pour permettre à l'ensemble de l'humanité de bénéficier du modèle de consommation occidental. Copenhague sera-t-il la première manifestation d'une prise de conscience mondialisée fondée sur la raison, la solidarité et l'humanisme ?