A Luanda, dans la capitale angolaise, l'OPEP a parlé d'une même voix: les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont montré pour la première fois leur satisfaction en annonçant le maintien du plafond de production. Fait rarissime dans les annales de l'OPEP: le maintien du plafond de production dans un consensus quasi général des pays membres, visiblement satisfaits des cours actuels du brut, qui oscillent autour des 75 dollars le baril. C'est le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui a annoncé, à la fin de la réunion ordinaire de Luanda, le maintien, sans grande surprise pour les observateurs du marché pétrolier, de l'actuel plafond de production, fixé en décembre 2008 à Oran à 24,84 MBJ. Cette réunion était d'ailleurs orientée vers un statu quo, d'autant que les déclarations de responsables de l'OPEP allaient dans le sens du maintien de l'équilibre actuel du marché pétrolier. En fait, l'OPEP a travaillé dur pour arriver à stabiliser les cours de l'or noir en 2009, avec un suivi permanent, malgré quelques incartades, des quotas de production des pays membres et des quantités de brut mises sur le marché. «Les pays membres de l'OPEP, satisfaits du niveau actuel des cours pétroliers, ont décidé de laisser leurs quotas de production inchangés», a précisé M. Chakib Khelil à l'issue de l'une des plus brèves réunions ministérielles de l'Organisation. «Entre 70 et 80 dollars (le baril), tout le monde est content», estime le ministre saoudien du Pétrole, Ali al Nouaïmi, selon lequel «le prix actuel est bon pour les consommateurs, les producteurs et les investisseurs». Ryadh a, en outre, annoncé qu'elle était prête à réduire sa production «pour faire de la place» à l'Irak au cas où celui-ci réintégrerait l'organisation, a indiqué le ministre saoudien. Selon des responsables irakiens, Baghdad compte porter son volume de production à 12 millions de barils par jour d'ici 2016. L'Iran et l'Arabie Saoudite s'étaient partagés la part de l'Irak au sein de l'OPEP après la guerre du Golfe, en 1990, qui avait imposé un programme d'aide humanitaire «pétrole contre nourriture» aux Irakiens. Par ailleurs, les pays membres de l'OPEP ont clairement manifesté leurs inquiétudes dans la capitale angolaise sur la hausse des stocks de brut qui attendent souvent à quai où sur des bateaux en mer. Les surstocks de brut, qui devaient être ramenés à 52 jours dès le 1er janvier 2009, sont actuellement estimés à 60 jours, en plus d'un volume exceptionnellement important de stockage en mer. En décembre 2008 à Oran, l'OPEP avait décidé de réduire sa production de 4,2 millions de barils par jour (bpj) par rapport à septembre 2008. Mais cette restriction n'est plus respectée qu'à 60% environ actuellement, contre 80% en février. Il en a résulté environ 800.000 bpj de plus, soit 3%, dans l'offre de l'OPEP au cours des neufs derniers mois. Le secrétaire général de l'OPEP, Abdallah Al Badri, a appelé les pays qui violent leurs quotas de production à plus de respect, relevant que les restrictions sont respectées à hauteur de 75%. L'Angola, l'Iran et le Nigeria seraient les trois mauvais élèves en la matière, selon des experts pétroliers. En attendant la prochaine réunion prévue à Vienne en mars, l'OPEP veut se rassurer sur une reprise plus forte de la croissance dans les pays OCDE, même si les prévisions restent moroses. Pour autant, il s'agit également de rassurer les marchés qui veulent quant à eux un brut pas cher pour booster la reprise économique, alors que l'éventualité de la mise sur le marché de quantités importantes des stocks flottants reste un vrai épouvantail pour l'OPEP.