Dans la foulée de l'élan de solidarité qui a accompagné l'appel de «détresse» de l'une des figures emblématiques de la guerre d'indépendance, la moudjahida Djamila Bouhired, des personnalités viennent d'adresser une correspondance au président de la République, pour honorer la mémoire d'un autre grand moudjahid, maître Mourad Oussedik, qui, jusqu'aux ultimes soupirs, avait émis le voeu d'être enterré dans sa terre natale, l'Algérie. Depuis Paris, maître Martine Tigrine, et MM. Rachid Hamened et Brahim Younessi ont adressé le 30 décembre dernier une correspondance, dans laquelle ils rappellent au président de la République, le parcours de cet authentique moudjahid et l'attachement qu'il vouait à sa patrie. «Madame Djamila Bouhired, l'héroïne de la bataille d'Alger, condamnée à mort par la justice coloniale, vous a récemment interpellé au sujet des difficultés qu'elle éprouve à se faire prendre en charge pour des soins médicaux... Nous profitons de ce cri de détresse poignant d'une authentique moudjahida pour vous lancer, à notre tour, un appel au sujet d'un autre authentique moudjahid maître Mourad Oussedik, dont nous demandons le rapatriement de sa dépouille dans sa terre natale, qu'il a voulue, comme Djamila Bouhired, indépendante», lit-on dans cette correspondance. Les rédacteurs de la lettre indiquent que maître Oussedik souhaitait tellement être enterré auprès de ses parents dans le petit cimetière de Aïn El-Hammam, mais qu'une décision de justice l'en a empêché. Rappelant le parcours héroïque et l'engagement du défunt, les rédacteurs de la lettre affirment que maître Oussedik, qui portait l'Algérie dans son coeur et son corps jusqu'à son dernier souffle, a co-dirigé avec maître Abdessamad Ben Abdellah le collectif des avocats du FLN avant de devenir en 1962 député de l'Assemblée constituante. «Il élabore avec le président de cette assemblée M. Ferhat Abbas, un projet de constitution démocratique qui ne sera même pas discuté. Il quitte l'Assemblée constituante pour s'engager dans l'opposition aux côtés de Hocine Aït Ahmed avec lequel il fonde le Front des Forces socialistes FFS. Après avoir assuré la défense du chef historique et avec d'autres, sauvé sa tête, Mourad Oussedik, menacé de mort, prend le chemin de l'exil où il reprend son métier d'avocat à Paris, jusqu'à sa mort le 14 juin 2005. Depuis, ce grand patriote repose sous une croix dans un cimetière de Provence», poursuit la correspondance. Pour conclure, les rédacteurs de la correspondance réaffirment que maître Oussedik avait l'habitude de dire «Bien que je suis athée, je suis musulman, je mourrais musulman». Pour rappel, les obsèques de mourad Oussedik ont été célébrées le 24 juin 2005 à Paris. L'ancien avocat du Front de libération nationale (FLN) algérien est mort mardi 14 juin 2005, dans un hôpital parisien, des suites d'une longue maladie. Il était âgé de 79 ans. «D'une profonde générosité de coeur», Mourad Oussedik «fut pour nous un compagnon de combat et un ami», avait indiqué le président Bouteflika dans un message adressé à la famille du défunt.