Il fallait d'abord se réveiller tôt. Ce qui n'était pas un problème pour la vieille femme. Elle ne dort jamais après la prière du Fadjr. Arrivée devant el-bochta, un monde fou attendait l'ouverture. Dès que c'est fait, c'est la ruée vers les guichets. Jouer des coudes n'était pas son fort. - Ana brassek, ouine le guichet des retraites? - Numéro deux! Elle se dirige sans difficulté vers l'endroit indiqué. Une chaîne déjà! Mais elle avait une patience à toute épreuve. Son défunt mari lui disait qu'il faut toujours conserver un bout de souffle pour quand - on sera épuisé. Il est onze heures : c'est son tour. Elle retire un peu d'argent et veut connaître le mouvement de son compte, car question gestion, notre dame était rigoureuse. - Oualou ya madame! la direction a mis à votre service un site internet que vous pouvez consulter à votre guise et à n'importe quelle heure de la journée. Vous accédez. Vous trouverez différentes fenêtres. Vous cliquez sur serveur CCP, vous saisissez votre code et... vive la technologie. - Et cette vive la technologie, ya mon fils, ouine je peux la trouver? - Dans un cyber! - Et ce khouya Si berre, ouine son guichet? Après donc toute une gymnastique, notre retraitée finit par comprendre que c'est une prestation extérieure. Et que renseignement pris, elle devrait payer cinquante dinars pour connaître, grâce au cybercafé, le mouvement de son compte CCP. Voilà ce qu'on appelle être au service du contribuable. Elle va chez le cyber, qui tente tant bien que mal de lui trouver ce qu'elle cherchait. « Impossible yal hadja, il n'y a pas de connection. Dib hlal, dib hram, notre retraitée a donc décidé de retourner lel bochta retirer tout son argent. De ne rien laisser sur son compte. De ne faire dorénavant qu'un seul retrait et de gérer son fric fel mariou. Dorénavant donc, ni cybercafé ni cybercoukesse.