Le méga-projet DESERTEC qui devait alimenter l'Europe en énergie électrique sur la base de panneaux solaires à partir d'Afrique du Nord verra-t-il le jour ? Christina Wittek, directrice du département des énergies renouvelables au ministère fédéral allemand de l'Economie et de la Technologie, interrogée hier à l'occasion d'une conférence de presse organisée en marge d'une rencontre sur les énergies renouvelables, a fait savoir que le projet, même s'il est extrêmement ambitieux, reste pour l'heure irréalisable en soulevant notamment le problème du transport de cette énergie vers l'Europe mais aussi le coût de la concrétisation d'un tel chantier. Tout en précisant que le gouvernement allemand n'a rien à voir dans ce projet initié par un ensemble d'entreprises privées, la responsable allemande dira que le projet se heurte à plusieurs obstacles en particulier le problème du câble qui devrait transporter l'électricité et qui devrait passer par plusieurs pays. Même si les autorités fédérales allemandes suivent de près ce projet, il n'en demeure pas moins, de l'avis même de Christina Wittek, qu'il reste au stade de projet et que rien de concret n'a été réalisé. «C'est un projet privé que suit notre gouvernement mais que nous ne soutenons pas», dira la conférencière en précisant que c'est une idée qui démarre encore et dont le développement est suivi par les autorités fédérales de ce pays. Le directeur général de la chambre de commerce et d'industrie algéro-allemande (AHK), Andreas Hergenröther, a indiqué pour sa part que des réunions sont organisées avec les initiateurs de ce «méga-projet» en Allemagne mais rien de concret n'a encore été décidé. Même si les conférenciers ne l'ont pas dit clairement, il semblerait que c'est le financement de ce projet qui constitue l'un des obstacles majeurs pour sa concrétisation. Des responsables de Sonelgaz, interrogés il y a quelque temps sur le sujet, nous avaient affirmé qu'ils n'ont eu aucun contact avec les initiateurs de ce projet. En sus de l'investissement colossal, nos interlocuteurs avaient soulevé pareillement le problème du transport de cette énergie solaire vers l'Europe à partir notamment du Sud algérien. A noter par ailleurs que les Allemands sont de plus en plus intéressés par le développement du partenariat en Algérie dans le secteur des énergies renouvelables. Une importante délégation d'hommes d'affaires et d'experts allemands dans le domaine de l'énergie solaire, conduite par Mme Wittek, est à Alger. Un séminaire était organisé hier à l'hôtel El Djazaïr par AHK en partenariat avec l'académie allemande des énergies renouvelables (RENAC). L'intérêt des entreprises allemandes qui restent leaders en Europe et dans le monde dans le domaine, est mû par le fait que l'Algérie ambitionne de produire au moins 5% de son électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici 5 années. Le directeur de l'électricité, du gaz et des énergies renouvelables au ministère de l'Energie et des Mines a déclaré hier que l'Algérie dispose de l'un des plus importants gisements de soleil au monde. Il faut rappeler que les Allemands ont déjà conclu des partenariats avec les Algériens dans le domaine de l'énergie solaire, notamment la construction d'une centrale hybride solaire-gaz. Tout comme l'institut solaire allemand de Julich réalise actuellement une étude de faisabilité sur la construction d'une tour thermique en Algérie. Un accord, dans ce cadre, avait été signé entre le ministère algérien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère allemand de l'Environnement.