L'assemblée générale des boulangers de la wilaya de Constantine, tenue hier après-midi dans une salle qui s'est révélée trop exiguë pour contenir tout le monde, a été houleuse, «Nous sommes écrasés par les charges, et l'on se demande s'il n'est pas judicieux de mettre la clé sous le paillasson et changer d'activité. La concurrence déloyale nous tue à petit feu», disent les boulangers qui affirment ne pas comprendre «pourquoi l'Etat ne sévit pas contre les gens de la corporation qui persistent à n'en faire qu'à leur tête, en cédant chaque jour des fournées entières aux petits revendeurs informels qui les revendent 2,50 DA plus cher et dans des conditions d'hygiène exécrables». La réglementation en vigueur dans ce secteur spécifique stipule « qu'aucun dépôt de pain, dans le genre épicerie de quartier par exemple, ne peut être toléré à moins de 500 mètres de distance d'une boulangerie attitrée», ajoute-t-on dans le même sillage. Selon le constat de nombreux professionnels, «un boulanger qui ne cède pas à la tentation de la tricherie sur le poids, la qualité de la farine et celle de la levure de panification, n'est guère près de dépasser le bénéfice de 30.000 DA nets mensuels. En plus des impôts, les salaires des mitrons sont exorbitants, puisque la déclaration inhérente aux frais de l'assurance de ces derniers est à présent comptabilisée sur le nouveau salaire national minimum garanti et non pas indexée proportionnellement au nombre des fournées». Au-delà des récriminations des uns et des autres, c'est surtout, disent-ils, «les gens venus à la boulangerie sans réelle tradition dans le métier et avec la seule motivation de faire le maximum de profit et à tout prix qui est véritablement le nœud gordien du problème. Et face à ceux-là, les véritables boulangers ne pourront jamais soutenir la cadence au prix du pain actuel, 7,50 DA la baguette, meme si à Oran et à Alger il est souvent cédé à 10,00 DA». Et d'ajouter qu'«un boulanger ne doit vendre que du pain jusqu'à un horaire bien déterminé, tel qu'il est soutenu, relève de la pure hérésie ; un boulanger digne de ce nom doit assurer, investir, embaucher afin que le pain, mais aussi les brioches, gâteaux, pizzas et la confiserie soient disponibles même jusqu'à des heures tardives de la nuit, comme cela se fait outre Méditerranée.» Pour rappel, l'on dénombre environ 400 boulangers à travers la wilaya de Constantine, «mais hélas, à peine 3% d'adhérents» à l'Union générale des commerçants et artisans algériens. Le responsable de cette union trouve là «un authentique drame qui empêche le règlement des dysfonctionnements que l'on constate à ce jour».