Le dossier des disparitions durant la tragédie nationale revient de nouveau à la Une de l'actualité avec l'intervention de Farouk Ksentini qui préfère que «la page soit tournée». Les déclarations du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), lors d'une rencontre-débat organisée par le quotidien El-Moudjahid, sonne comme une fin de non-recevoir aux attentes des familles des disparus estimés à plus de 8.000. Le premier responsable officiel des droits de l'Homme en Algérie a affirmé, pour étayer ces propos, qu'il est «impossible d'identifier, aujourd'hui, les responsables des disparitions durant la tragédie nationale en absence d'archives ou de témoignages ni de demander à l'Etat de se lancer dans des procès contre des personnes sans la moindre preuve ni de dossier substantiel», en prenant exemple sur le Chili, un pays d'Amérique latine, où il y a eu des «semblants de procès». Il soulignera par ailleurs qu'«aucun pays n'a réussi à identifier ni à juger des auteurs de disparitions». Pourtant, et tout en reconnaissant l'implication de l'Etat dans ces disparitions, «la CNCPPDH a fait tout ce qui était en son pouvoir pour amener l'Etat à reconnaître sa responsabilité civile dans cette affaire et admettre, par la suite, le principe de l'indemnisation», dira-t-il, tout en apportant un bémol quant à la culpabilité de l'Etat en affirmant que «sur le plan civil, il est responsable mais pas coupable des disparitions». Il admettra, plus loin, que la demande de vérité sur les disparitions est «parfaitement concevable et logique» sur le plan intellectuel et que la Commission n'a «jamais cessé» de dialoguer avec les familles des disparus pendant la tragédie nationale qui demandent vérité et justice. Une manière de dédouaner la Commission suspectée de reproduire le discours officiel au détriment des familles des disparus. Revenant sur le dernier rapport américain sur les droits de l'Homme et au chapitre concernant des lieux secrets de détention, l'avocat le qualifiera de « sans fondements et sans valeurs», puisqu'il est «fondé sur des généralités et ne donne pas de détails susceptibles de faire l'objet d'enquêtes et de vérification». Le rapport en question émane du bureau de la démocratie, des droits de l'Homme et du travail relevant des services du département d'Etat américain. Lors de cette même rencontre, Farouk Ksentini a estimé que l'édification d'un Etat de droit est «difficile» du fait qu'elle «demande des moyens et du temps» tout en considérant que «tous les ingrédients» sont réunis pour que l'Algérie le soit. Quant aux dernières grèves dans le secteur public, il reconnaitra que «les revendications des grévistes sont légitimes» tout en regrettant la poursuite de la grève des praticiens de la santé publique.