Nouvelle turbulence sur la ligne de l'opérateur historique Mobilis. Le directeur général de l'entreprise, M. Mehmel Azaouaou, a tout simplement remis le tablier après une interférence présumée du ministère de tutelle au sujet d'une employée qui exerçait la fonction de sous-directrice commerciale au niveau de la direction régionale centre. D'après nos informations, l'employée en question n'a pas été licenciée mais déchargée de la responsabilité avec maintien de son salaire. En somme, une pure affaire de gestion de personnel qui n'aurait, normalement, jamais dû sortir de l'entreprise. Or, l'employée en question, fille d'un haut responsable de la centrale syndicale UGTA, semble être devenue un grand souci au ministère des TIC qui aurait exercé des pressions sur le DG de l'entreprise pour la rétablir dans son poste. La pression a été apparemment tellement forte qu'il ne restait plus à M. Mehmel Azaouaou qu'à se soumettre ou se démettre. Le directeur général de Mobilis a choisi la deuxième option. Dans cette affaire, a priori anodine, M. Mehmel Azaouaou semble avoir estimé, non sans raison, que sa crédibilité en tant que manager d'une entreprise qui a besoin d'être redressée était en jeu. Comment en effet redresser l'entreprise et la remettre en bonne marche dans un contexte concurrentiel très fort, si un banal acte de gestion du personnel était contesté par la tutelle ? Sit-in des employés L'interférence n'aurait pas posé de problème si le «conflit» entre le DG de Mobilis et le ministère des TIC portait sur une question stratégique, un choix d'investissement par exemple. Dans ces conditions, le crédit d'un DG n'est pas entamé, la tutelle étant logiquement représentée au sein du conseil d'administration, lieu de décision et d'arbitrage sur les questions stratégiques lourdes. Néanmoins, les conseils d'administration des entreprises ne s'occupent - ou bien ne le font que de manière exceptionnelle - des questions du personnel. Il était admis que cela relevait de la gestion courante du management et que si des contestations existaient, elles devaient être résolues dans le cadre des voies de recours ordinaires. Dans le cas d'espèce, l'intrusion de la tutelle pour rétablir une employée dans un poste de responsabilité risquait d'être interprétée, au sein de l'entreprise où le téléphone arabe circule parfaitement, comme un désaveu du DG. C'est apparemment ce que Mehmel Azaouaou a compris et il en a tiré les conséquences. Les employés de Mobilis sont, eux également, choqués par cette affaire. Ils ont organisé, hier, un sit-in devant le siège de leur entreprise à Hydra sur les hauteurs d'Alger. Il s'agissait bien entendu de soutenir leur DG et d'exiger qu'il soit maintenu à son poste. Les responsables de l'operateur public de téléphonie mobile se refusaient, hier, à communiquer sur le sujet. Pour de nombreux observateurs, cette affaire illustre parfaitement l'ampleur de la remise en cause du principe de l'autonomie des entreprises publiques institué officiellement au milieu des années 80. Qu'un directeur d'entreprise entre en conflit avec sa tutelle pour une affaire qui relève de la gestion du personnel ne peut que le confirmer.