Le crédit bancaire destiné aux Logements sociaux participatifs (LSP) est devenu un casse-tête. Destiné à aider les concernés à acquérir leurs logements, ce prêt bancaire est devenu la pomme de discorde entre bénéficiaires et promoteurs immobiliers. Les deux parties se disent prises en otage par un système qui au départ était conçu pour faciliter l'accès au logement pour les uns et apporter un marché rentable pour les autres. Mais ce ne sont pas tous les acquéreurs solvables qui ont pu bénéficier de ce crédit. La raison est toute simple. Ils sont nombreux, les promoteurs immobiliers qui ont pris la décision de ne pas traiter avec les banques publiques, privant ainsi les acquéreurs d'un droit accordé dans le cadre de cette formule. Comme un nouveau programme de logements inscrits dans le quinquennat 2010-2014 sera lancé, appelé cette fois-ci Logement promotionnel aidé (LPA), les demandeurs de logements qui n'ont pas pu être intégrés dans le LSP espèrent avoir plus de chance avec ce nouveau produit. «Oui, mais à quel prix ?», se demandent certains parmi les postulants. Est-ce que les promoteurs immobiliers vont jouer le jeu pour permettre aux acquéreurs d'avoir un crédit bancaire ? Pas sûr, estiment certains qui ont dû payer leur logement cash, sans prêt bancaire. «A l'exception de l'aide de l'Etat, j'ai dû verser le reste du prix du logement de ma poche parce que le promoteur immobilier n'était pas conventionné avec une banque pour que je puisse prétendre au crédit bancaire», dira avec amertume Rédha, 40 ans, bénéficiaire d'un LSP à Haï El Yasmine, à Oran Est. Rédha n'est pas le seul à se plaindre de cette situation puisque beaucoup d'autres citoyens ont vécu ce même scénario. La majorité ont fait toute une gymnastique pour se procurer l'argent du logement. Ils ont frappé à toutes les portes et se sont endettés jusqu'au cou. L'essentiel pour eux est d'avoir un toit. Pour d'autres qui n'ont pas réussi à avoir les 200 millions de centimes pour payer le logement, ils ont été contraints de renoncer après avoir fait le tour des promoteurs conventionnés avec les banques mais qui «affichaient déjà complet». Seule issue pour ces demandeurs de logements, le nouveau programme. Mais si rien n'oblige les promoteurs à signer une convention avec les banques, c'est une course contre la montre qui sera lancée afin de réserver avant qu'il ne soit trop tard. Pourquoi certains promoteurs immobiliers refusent-ils de traiter avec les banques ? Les professionnels ont été unanimes à évoquer la complexité du dossier et toute la «paperasse» demandée avant de signer une convention avec une banque. La lenteur accusée dans le traitement des dossiers constitue l'autre facteur décourageant pour les professionnels. Ces derniers considèrent toute la démarche menée auprès des banques comme une corvée qui vient s'ajouter aux multiples problèmes vécus sur le terrain. Il faut attendre entre trois mois, dans les meilleurs des cas, et jusqu'à 18 mois pour que la banque valide un dossier et débloque le crédit des bénéficiaires. Le président de l'Union des promoteurs immobiliers (UNPI ) souligne sur ce point que souvent cet argent n'est accordé qu'en fin de chantier après un parcours du combattant. Pour constituer le dossier à déposer auprès des banques, il est exigé le contrat de vente sur plan. Un document qui n'est établi que si la CNL délivre la décision d'attribution. Cette procédure est longue à finaliser pour les promoteurs. C'est ce qui incite beaucoup à renoncer à cette démarche et opter pour la formule la «plus simple». Celui qui veut un logement LSP doit compter sur son argent ! C'est la nouvelle devise qui met les bénéficiaires devant le fait accompli. Une fois le dossier constitué, explique le président de l'UNIP, il doit passer par plusieurs étapes et dans différents organismes pour sa validation. Il faut tout d'abord passer par la CNL pour avoir la décision d'attribution et pouvoir établir le contrat de vente sur plan puis par le notaire, puis par la conservation foncière pour l'enregistrement. Il faut ensuite constituer le dossier avec tous les documents pour le déposer à la banque et attendre des mois l'étude de ce dossier. Une procédure que les professionnels estiment très complexe. Selon notre interlocuteur, «ce problème peut être réglé avec les banques privées qui vont s'impliquer dans le crédit logement aidé. Ces établissements financiers n'exigent pas de contrat de vente sur plan. Le crédit peut être accordé sans ce document. Ce qui va faciliter la tâche pour nous». Cependant, la corporation est préoccupée ces jours-ci du retard accusé dans l'élaboration du nouveau cahier des charges du programme de logement 2010/2014. Rien n'a filtré sur ce programme, estime le représentant de l'Union des Entrepreneurs Algériens (UGEA) à Oran. «L'ancien programme est presque achevé et nous attendons le nouveau. Des citoyens viennent pour réserver un logement et nous n'avons rien à leur offrir», explique le représentant de l'UGEA qui précise que la formule LSP est désormais en voie de disparition pour être remplacée par la nouvelle formule du logement promotionnel aidé. «Pour l'instant, nous n'avons pas beaucoup de détails sur les avantages accordés dans le cadre de ce type de logement mais, d'après les premiers indices, il s'agit d'une formule proche du LSP», souligne le même interlocuteur. Pour le président de l'UNIP, «la nouvelle formule va donner plus de chance aux citoyens qui n'ont pas trouvé leur place ni dans le social, ni dans le LSP, ni dans le promotionnel».