Pour faire entendre leur voix, les habitants de la cité Horizon Bleu, se trouvant dans le quartier El-Akid Lotfi, à Oran Est, ont barré la route. Dès la tombée de la nuit de mardi, ils ont installé des madriers et allumé le feu au niveau d'un carrefour menant à plusieurs cités de ce nouveau quartier. Précisons que ce sont les adultes, c'est-à-dire les chefs de famille qui ont engagé cette action pour mieux la contrôler. «Il ne s'agit pas d'une émeute», tient à préciser le président de l'association qui porte le même nom que la cité. «Un simple avertissement pour exprimer notre colère», renchérit un autre. D'ailleurs, on nous précisera qu'ils ont averti les services de police, dans la journée même, qu'ils allaient recourir à une action de ce type pour faire parvenir leur message. La raison de cette manifestation est la coupure d'électricité décidée par la Sonelgaz, deux jours auparavant. Le président de l'association, qui se chargera de nous expliquer les raisons qui ont poussé les habitants à occuper de cette façon la rue, parlera d'une note de 320 millions de centimes que la Sonelgaz leur réclame. «Nous avons tous nos compteurs et nous réglons tous nos redevances à cette entreprise», lance-t-il. Cette facture concerne «une colonne montante», ajoute-t-il, objet d'un litige depuis des mois entre le promoteur, la DLEP et la DME (Direction des Mines et Energie). Dans ce cadre, notre interlocuteur, qui s'exprime au nom des 160 habitants de cette cité, nous apprend que durant le mois de ramadhan dernier, une réunion a eu lieu entre le wali, la DLEP et Sonelgaz, consacrée au règlement de cette facture. Il ajoutera que d'autres réunions ont eu lieu, notamment avec le responsable régional de la Sonelgaz qui s'est engagé de régler la facture en question. Notre interlocuteur déplore cependant que cette dernière n'a pas été sanctionnée par un P.-V. L'association a entrepris d'autres démarches, souligne-t-il. Elle a saisi par écrit la DLEP, la DME et le Fonds des garanties pour trouver une solution à cette facture. «Nous endurons depuis huit ans le calvaire», lance un citoyen. Un calvaire conséquent au décès du promoteur, précise-t-il. «Il suffit que la plupart d'entre nous ont habité les logements pratiquement en état de chantier», ajoutera un autre. Mais la décision prise par la Sonelgaz dimanche dernier de les priver du courant électrique a été la goutte qui a fait déborder le vase. «Elle est intervenue 24 heures après une réunion où on nous a rassuré que la question de la fameuse facture va trouver une issue heureuse», tient à préciser un père de famille se trouvant sur place. Plusieurs voix ont répété que ce sont «les responsables qui nous poussent à l'anarchie». Et d'expliquer «comment priver un citoyen du courant électrique alors qu'il a des enfants scolarisés». Un autre ajoutera «parmi nous il y a des personnes malades, notamment des diabétiques». Plus mesuré, le président de l'association nous informe que devant le mutisme des autorités locales, ils ont saisi le ministre de l'Habitat pour lui exposer leur problème. Une délégation de cette association a fait le déplacement jusqu'à Alger pour remettre un dossier complet aux proches collaborateurs du ministre, nous indique-t-on. Soulignons que deux heures après leur entreprise de mardi soir, les services de la Sonelgaz ont été dépêchés sur les lieux pour rétablir le courant. Le retour de la lumière a été salué par des youyous de la part des femmes et par une salve d'applaudissements. Juste après, aux environs de vingt-trois heures, quand les pompiers ont éteint le feu des madriers qui brûlaient empêchant la circulation des véhicules, des volontaires ont dégagé les débris du bois. Les éléments de la police qui étaient sur place n'avaient pas à intervenir. Parce qu'il ne s'agissait pas en fait d'une manifestation de violence.