Tout en reconnaissant qu'il y a encore des problèmes qui ne sont pas réglés et quelques lacunes qui entravent l'avancement de quelques projets, le 1er ministre Ahmed Ouyahia a défendu, hier, la politique du prédisent de la République et les réalisations faites par son gouvernement et par les cadres de l'Etat. Devant les députés, le Premier ministre a tenté de répondre à la quasi-totalité des questions des députés, notamment celles à caractère économique, posées après la présentation de la politique générale du gouvernement. Abordant le dossier Djezzy, Ahmed Ouyahia a précisé que l'Etat algérien ne reconnaît qu'un seul interlocuteur. «C'est le groupe Orascom Holding », a-t-il précisé aux députés qui ont voulu connaître la position officielle du représentant du gouvernement dans cette affaire. Il n'y a pas plus clair : «l'Etat algérien rachètera Djezzy, quels que soient les obstacles», a-t-il affirmé. En ce qui concerne l'estimation de la juste valeur de l'entreprise, qui a fait coulé beaucoup d'encre, Ahmed Ouyahia a précisé «il y a beaucoup de spéculation sur la valeur de cet opérateur téléphonique, l'Etat recourra aux experts internationaux en la matière, afin de déterminer la juste valeur de Djezzy». Se montrant ferme, Ahmed Ouyahia a indiqué que le rachat de Djezzy se fera une fois que le groupe Orascom Holding aura honoré ses impôts et ses dettes. «OTA a une dette fiscale de 17 milliards de dinars, dont elle s'acquittera, même si elle a introduit un recours», a-t-déclaré, ajoutant que le groupe sera même sommé de payer les pénalités s'il le faut. Le Premier ministre enchaîne pour exiger d'OTA de payer ses dettes à l'autorité de régulation (l'ARPT) et aux employés de Lacom «qui ont été renvoyés sans payement», a-t-il souligné. Ahmed Ouyahia a rappelé devant les députés que le groupe Orascom doit aussi répondre devant la justice de l'accusation portée par la Banque d'Algérie sur le transfert de fonds vers l'étranger. Le Premier ministre a aussi déclaré que OTA devra payer lors du rachat de Djezzy, 20% de plus-value à l'Algérie (l'acheteur) conformément à la réglementation algérienne. Pour ce qui est des avions d'Air Algérie qui «ne s'envoleront pas dès le mois de novembre vers l'Europe», le Premier ministre lancera au député qui a posé cette question «demain c'est le premier novembre et vous allez constater vous-même que les avions d'Air Algérie sillonneront le ciel européen». Ahmed Ouyahia a, en outre, défendu le pavillon national. «Les avions d'Air Algérie sont sécurisés», a-t-il affirmé en soulignant que «l'Algérie possède des appareils neufs et sont pilotés par des hommes compétents». Enfin, sur un autre registre, et concernant la transparence dans la gestion des finances publiques, Ahmed Ouyahia a rappelé à l'assistance les mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2010. Des mesures qui visent le renforcement des mécanismes de gestion et de prévision et de contrôle des finances publiques. Il ajoute que les cadres subissent actuellement des recyclages, et le recrutement des magistrats dans les conseils juridiques est en cours et le gouvernement a donné des instructions aux entreprises publiques pour recourir aux services des cabinets d'avocats. Sur la corruption, Ahmed Ouyahia dira «on combattra la corruption, comme on a combattu le terrorisme». Et d'ajouter «la lutte contre la corruption n'est pas un discours mais des actes». En ce qui concerne les projets qui n'arrivent toujours pas à être finalisés, le Premier ministre a tenu à rassurer que le métro d'Alger sera opérationnel en 2011. «Tout est fin prêt, l'Algérie a dû se conformer aux nouvelles normes internationales de sécurité adoptées après l'incendie du Mont Blanc». Il a également rassuré les députés pour ce qui est de l'autoroute Est-Ouest. Il a affirmé que plusieurs tronçons routiers seront réceptionnés en 2011 et 2012. En matière de santé, le Premier ministre a reconnu qu'il y a un déficit en matière de médecins spécialistes, en regrettant le fait que des jeunes médecins préfèrent le chômage au nord du pays que de travailler dans le sud. Il a précisé que 11.000 médecins spécialistes seront formés durant les cinq années à venir. Enfin, et pour conclure, le Premier ministre dira «c'est vrai, il n'y a pas tout, mais on ne peut pas dire qu'il n'y a rien». Ahmed Ouyahia tire des boulets rouges sur les députés du RCD Le 1er ministre Ahmed Ouyahia a ouvert une parenthèse sur la situation économique en Kabylie en réponse aux questions des députés du RCD, ayant accusé le pouvoir d'avoir déclenché une guerre contre la région. Méthodique, le 1er ministre a fait savoir que les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou ont bénéficié de projets de développement au même titre que la grande majorité des wilayas du pays. Il a reconnu qu'il y a des insuffisances qu'il faut rattraper et quelques problèmes. Pour Ouyahia, les problèmes de ces deux wilayas sont presque les mêmes que ceux des autres wilayas du pays. Ouyahia a énuméré, ensuite, les projets de développements ayant concerné ces deux régions. «On dit que le pouvoir a déclenché une guerre économique en Kabylie, voici la réponse du pouvoir», a-t-il dit. Le Premier ministre a rassuré les habitants de Béjaïa sur le projet de la réalisation de nouveau CHU. «Le projet est en phase d'études, et dès que celle-ci sera finalisée, on entamera les travaux», a-t-il indiqué. Il ajoute «sans parler d'autres infrastructures de santé qui sont prévues pour ce quinquennat». Ouyahia a évoqué un projet de construction de 41.000 logements, et le raccordement de 50.000 foyers au réseau de gaz naturel durant ce quinquennat. Idem pour la wilaya de Tizi Ouzou qui, selon le ministre, va bénéficier de plusieurs projets de développement : 64.000 nouveaux logements entre 2010-2014, un nouveau pôle universitaire avec 17.000 places pédagogiques, et la réalisation de 7 hôpitaux. En ce qui concerne le projet environnemental du PNUD qui devait être réalisé dans la wilaya de Tizi Ouzou et qui a été au centre d'une véritable polémique, le Premier ministre a répondu que le projet ne concerne pas uniquement la wilaya de Tizi Ouzou. Ahmed Ouyahia a tenu à souligner que le projet concerne également la wilaya de Médéa, M'sila et Djelfa. Et de déclarer que l'Algérie devra contribuer du double de ce que paye le PNUD dans ce projet. «Puisqu'on paye les deux tiers, je pense qu'on a notre avis à donner sur ce projet», a-t-il indiqué. S'adressant aux habitants de ces deux régions, le Premier ministre dira «vous avez été otages d'ambitions politiques. Mais les choses commencent à changer, et ce, depuis 2005, on constate une reconstruction de la wilaya de Tizi Ouzou avec des insuffisances certes ». Les députés du parti RCD ont vite riposté par des cris dans la salle. Le Premier ministre répond ironiquement «les citoyens ne vous entendent pas, votre réaction est sans effet sur moi, à 40 km de cette salle personne ne vous connaîtra». Il dira également «ils se sont trompés de pays comme hier ils se sont trompés de société».