A la dernière réunion en France de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (17ème CICTA), l'Algérie a été dépouillée de la plus grande partie de son quota de pêche au thon. Environ deux semaines après cet échec, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques a fourni ses explications. D' abord, le ministre Abdadllah Khanafou a annoncé avoir revendiqué auprès de la CICTA son quota annuel de pêche de thon rouge pour l'année 2011, soit 680 tonnes. S'exprimant en marge d'une séance de questions orales à l'Assemblée Populaire Nationale, le ministre a indiqué que «le dossier est bien ficelé. Il n'y a aucune raison pour que l'Algérie soit privée de «son quota de pêche de thon rouge». Flash-back. Après une dizaine de jours (17 au 27 novembre à l'hôtel Marriot à Paris) de négociations internationales conduites par une cinquantaine de pays à Paris pour la désignation de quotas de pêche du thon rouge pour l'année prochaine en Méditerranée, l'Algérie s'est vu accorder un quota de seulement 138 tonnes contre 680 tonnes l'année dernière. «Nous n'avons pas été présents à la réunion faute de visas. Les deux cadres du ministère, qui devaient prendre part à cette réunion, n'ont pas obtenu de visas à temps. Néanmoins, la représentation diplomatique algérienne en France a participé aux travaux de la CICTA», a révélé le ministre. L'imprévision Il reste que cette rencontre internationale était fixée à l'avance et qu'elle a duré dix jours ! On peine à croire qu'un ministère du gouvernement de la République algérienne ne parvienne pas à anticiper et à se préparer convenablement pour des négociations de ce type. Quant aux diplomates algériens qui ont suppléé à l'absence des spécialistes, ils ont fait ce qu'ils ont pu. Ils n'ont pas pu contrer la razzia opérée par la CICTA au profit de la Libye, de l'Egypte, du Maroc et de la Croatie. A un moment donné, on croyait que seule la Libye convoitait le quota algérien. Hé bien, non, la CICTA a également satisfait les appétits marocains, égyptiens et croates. Les animateurs de cette structure, réputée également garante de la sauvegarde des réserves de thon, «ayant constaté que nous n'avons pas pu pêcher notre quota l'année dernière, ont décidé de le réduire pour le dispatcher sur 4 pays», a indiqué le ministre. La CICTA agit ainsi en distributrice de parts plutôt qu'en conservatrice de l'espèce thonidé. Il est vrai que pour plusieurs pays membres de cette structure, la question de la pêche au thon revêt un caractère éminemment économique et social. Des pays comme la France et l'Espagne veulent que leurs quotas soient élevés et qu'il y ait du travail pour leurs pêcheurs et leurs flottilles. Des armateurs subventionnés Dans ce domaine, l'Algérie, malgré sa longue façade maritime, est loin d'avoir atteint le niveau de ces pays. Le ministre Abdallah Khanafou a assuré toutefois que l'Algérie se prépare pour «essayer de pêcher son quota de thon par les armateurs algériens eux-mêmes, après l'interdiction des sociétés mixtes pour l'exploitation du poisson dans les eaux algériennes». Cependant, a-t-il reconnu, il y a «des difficultés. Nous ne disposons pas d'une flottille importante pour pêcher le thon rouge», a-t-il reconnu. Le ministre a rappelé que l'Etat a essayé de prendre en charge ce volet dans le cadre du programme de relance en accordant des subventions à des armateurs algériens pour l'acquisition de 15 thoniers. Ces armateurs avaient bénéficié d'une aide de l'Etat à hauteur de 60% pour l'acquisition de thoniers. M. Khanafou a annoncé, dans ce contexte, que des mesures seraient prises à l'encontre des armateurs qui ont bénéficié de l'aide de l'Etat pour acquérir des thoniers, mais ne participent pas à la campagne de pêche. «L'année dernière, ces thoniers n'ont pas rempli leurs engagements. Cette année, s'ils ne participent pas à la campagne, l'Etat demandera la restitution de la subvention qui leur a été accordée», a averti le ministre. Chiche, serions-nous tentés de dire, car il ne s'agit pas de pêche à la ligne. D'ailleurs, pourquoi attendre 2011 ? L'Etat n'est-il pas en droit de demander à ces armateurs, dès maintenant, des comptes sur l'usage qui a été fait des deniers publics ? Ce serait une des mesures basiques à prendre après l'humiliation subie à Paris fin novembre dernier.