Avec la mondialisation du tourisme de l'environ nement, et sa globalisation, puisque aucune ville dite verte, aucun lieu sain ne semble être épargné, Oran, pourtant réputée à l'échelle internationale demeure désertique et pâtit d'une urbanisation qui ne respecte aucune règle «esthétisante», aucune exigence environnementale; une urbanisation laquelle est l'antithèse parfaite du développement durable que les autorités locales présentent constamment comme quelque chose d'incontournable au point de la légaliser où qu'elle soit. En ce sens si les services d'urbanisme d'Oran, en particulier municipaux, vantent les mérites des outils d'urbanisme outrageusement dépassés, voir même honnis par la réalité du terrain, et les perspectives d'un développement durable auquel ils ne semblent pas avoir compris grand-chose, ils devraient se pencher plus sérieusement sur ces dossiers qui ont révolté et révulsé l'ensemble des Oranais amoureux de leur ville, comme d'éclaircir l'affaire de ce colosse gargantuesque qui occupe la malheureuse place historique de Karguentah, cet amas d'édifice en béton au rond-point de Lotfi se trouvant d'ailleurs au pied d'arbres dont les racines sont restées des mois déracinées, et cette multitude de constructions qui surgit de manière très désordonnée tout au long du troisième périphérique. En fait la question est simple: comment se fait-il que ces constructions d'évidence contestées surgissent-elles à des endroits qui font parler d'eux et qui osent délivrer les permis de construire? Oran comme la plupart des villes algériennes ne bénéficie d'aucun sursaut de conscience de l'environnement. Le moindre espace «non occupé» est guetté et est susceptible d'être occupé par une immondice de construction. Tout le monde participe à ce fiasco, aussi bien l'Etat que le citoyen, qui lapident sans aucun remord, le foncier, la terre, l'environnement. Certes, il s'agit là d'un véritable génocide des environnements qu'aucune puissance publique ne semble vouloir arrêter. Nous pensons que ce qui peut sauver une ville, soulager ses maux, voire lui permettre de se réconcilier avec la nature, et avec elle-même au travers d'une architecture de qualité, c'est la volonté des hommes, la force de leur sens d'engagement, et non pas un POS ou un PDAU aussi bien établis soient-ils. Fort malheureusement, l'actuelle mairie d'Oran est absente, comme toutes celles qui l'ont précédée, elle perpétue la rupture avec le citoyen et au lieu d'agir en hommes et femmes de terrain, en contact constant avec les préoccupations des citoyens, elle agit plutôt en administration bureaucratique qui compte sur les budgets que le pouvoir central veut bien lui donner. Hors une Mairie avec un grand M. apprend à gagner son autonomie, se démarque d'abord par son sens de l'initiative, sa volonté de se réapproprier ses propres frontières comme d'encourager le mécénat, protéger ses jardins, arbres et plantes, préserver son patrimoine culturel particulièrement bâti qu'elle valorise et sa volonté de se faire le lieu idéal de l'épanouissement citoyen. En grande partie, c'est cela un véritable projet de développement durable duquel peuvent espérer bénéficier les générations futures. Et non pas limiter un hôtel de ville à une aire de délivrance d'extraits de naissance (S 12), des fiches de résidence et autres documents officiels et faire croire que l'avenir d'une ville est dans un PDAU et un POS La représentation locale doit être capable d'aller au-delà de ces attitudes administratives. Nous fumes tous d'une manière ou d'une autre attirés par l'engagement des maires des villes occidentales, leur combat voire leur acharnement de faire de leurs villes les plus belles les plus attirantes les plus exemplaires possibles. Elles enchaînent les concours d'architecture, d'aménagements paysagers, de création artistique et les débats sur tout ce qui est relatif au devenir de la ville. Elles cherchent les investissements qui génèrent de l'emploi et qui leur permettent de remplir leurs caisses. Au même moment où nos élus se réfugient dans les mêmes arguments: «ce n'est pas le même contexte, ce ne sont pas les mêmes conditions de travail, ni les mêmes populations». Pourtant de nombreuses fois ils ont bénéficié de stages chez leurs confrères européens et qu'ont-ils appris apparemment: rien. Ce qui nous manque c'est un véritable projet de la ville auquel nous prenons tous part. Un projet qui est celui de l'appartenance à un lieu duquel nous nous sentons tous responsables. Un projet comme celui-ci ne peut naître que si une véritable politique de l'éducation citoyenne se met en place, mais avec les meilleurs, pas les plus diplômés, nous disons les meilleurs en termes d'instruction, de culture et d'engagement. Cela est encore une fois du développement durable, non pas un POS ou un PDAU, car que valent aussi ces documents s'ils ne sont pas pris en charge par des individus talentueux, visionnaires et ouverts d'esprit qui n'appliquent pas la loi avec rigidité, mais avec souplesse et qui font aimer par leur intelligence émotionnelle la loi. L'absence d'un tel esprit est à l'origine de l'échec de toutes les mesures (réglementaires) importées de l'Europe. Nous constatons l'échec du projet de ville algérienne. Alger (Oran de même), est parmi les capitales les plus impropres et les plus invivables du monde. Elle est classée troisième ville la plus sale au monde. A Oran les poubelles font partie du paysage. Il n'y existe pas une seule cité qui fasse exception en terme de propreté et d'entretien du bâti. En plein boulevard de la Soummam, au dos du récent hôtel Royal, des fenêtres sont briquées. Un parking, pourtant pouvant être classé œuvre d'architecture universelle puisque réalisé par l'entreprise des frères Perret est abandonné et démoli en partie pour laisser place à une construction en cours qui ne semble avoir aucun intérêt architectural. La cathédrale d'Oran où sont métissés les apports de trois grands architectes constructeurs de renommée incontestablement universelle: BALLU, le CORBUSIER et PERRET est dans un état de délabrement avancé. Et nous passons sur d'autres exemples qui démontrent l'absence totale de la mairie d'Oran. D'autant plus que la ruine fait ses pas au sein même de l'hôtel de ville Un projet de ville dépend donc de la qualité des hommes qui la représentent, mais surtout nous le répétons de leur engagement, et un urbanisme efficace n'est pas dans les plans, mais plutôt dans les opérations pilotes comme de lancer le projet d'un quartier modèle où les meilleures architectes sont conviés à y construire, ou celui d'un jardin moderne au coin d'une rue, ou la création d'une rue avec un concept plutôt artistique où les artisans ont la possibilité de se reproduire en toute sérénité, ou la préservation d'un quartier ancien de la pollution des machines et la préservation d'une ruine comme témoignage d'un savoir-faire qui n'est plus. Un projet de ville est celui qui fait unanimité et qui témoigne au quotidien de la régularité persévérante de ses élus locaux. *Architecte docteur en urbanisme maître de Conférences