L'ARPT a décidé de retirer les autorisations d'exploitations à des providers privés qui sont inactifs depuis des années. Eepad a été épargnée, mais sa situation devient critique. Son PDG estime que personne ne gagnera à une faillite d'Eepad et espère que l'offre de partenariat faite à Algérie Télécom soit prise en considération. Le Conseil de l'Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications (ARPT) a décidé de retirer définitivement les autorisations d'exploitations de services Internet à 34 providers (ISP) privés. Le plus important des fournisseurs d'accès privés, par le nombre d'abonnés et d'activités liées, l'Eepad, n'a pas été touché par cette mesure. Il attend néanmoins depuis plus de18 mois une solution à son litige avec Algérie Télécom (AT). Nouar Harzallah, le PDG de l'Eepad, reconnaît, dans une déclaration à maghrebemergent.info que son entreprise «agonise». Il a renouvelé sa disponibilité pour un partenariat public-privé avec l'opérateur historique, pour «sauver les emplois et renouer avec nos clients». Les 34 ISP suspendus définitivement (sur plus de 80 providers) et invités à «restituer à l'ARPT les originaux de toutes les autorisations» objet de la décision n°09/SP/PC/ARPT du 26/01/2011, «n'ont pas activé depuis au moins deux ans», nous explique le chargé de la communication à l'Autorité de régulation, M.Fayçal Medjahed. Il leur est reproché, en plus de leur inactivité, de n'avoir pas payé leurs dettes auprès de l'ARPT, composées d'une redevance annuelle de 10.000 DA et une quote-part sur leur chiffre d'affaires à verser au Trésor public. Ces opérateurs sont également accusés de non respect du cahier des charges. «On n'arrive même pas à les localiser, ni leur envoyer du courrier, faute d'adresse exacte» affirme encore M. Medjahed. L'Eepad, dont l'activité ADSL, est suspendue depuis le 2 septembre 2009, suite à un litige avec Algérie Télécom, encore pendant au niveau de la justice, ne serait pas dans la même configuration que les ISP suspendus. L'entreprise n'a pas disparu, comme les autres ISP, et poursuit ses autres activités, hors fourniture de l'ADSL. Le PDG de l'Eepad souhaite une accélération de l'offre de partenariat faite à Algérie Télécom. «Le ministre des PTIC a donné son accord pour ce partenariat. Nous sommes disposés à céder la majorité (51%) pour qu'AT puisse non seulement récupérer ses créances mais aussi lancer un véritable partenariat bénéfique pour tous. L'Eepad n'est pas seulement un fournisseur d'accès à Internet. Notre société a créé de la valeur ajoutée, notamment avec le e-learning, il serait dommage de laisser mourir une entreprise, à cause d'un litige qui peut être réglé et assaini», affirme Nouar Harzallah. Le PDG d'Eepad craint, à terme, un retrait de son autorisation d'exploitation de services Internet, mais il espère un déblocage de la situation. «D'autant qu'il y encore beaucoup de choses à faire. Le ministre lui-même, M. Benhamadi, a déclaré que le secteur des TIC a besoin de créer 100.000 emplois. Comment les créer si l'Etat n'aide pas les PME du secteur qui sont en difficulté, comme il le ferait pour d'autres secteurs d'activité», ajoute M. Harzallah. Si Eepad dépose son bilan, tout le monde perd Pour le PDG de l'Eepad, s'il y a des ISP qui n'activent plus, «parfois depuis plus de 5 ans», d'autres «essayent tant bien que mal à faire quelque chose, mais n'arrivent pas à décoller». «Est-il utile, s'interroge-t-il, de vider le secteur de ces entreprises, au lieu de les accompagner pour non seulement s'acquitter de leurs dettes mais relancer le secteur qui a tant besoin d'un élargissement de ses activités pour construire une véritable société de l'information ?» «De toute façon, précise-t-il encore, si l'Eepad venait à déposer le bilan, tout le monde serait perdant, y compris AT. Nous allons mettre au chômage ce qui reste de nos travailleurs, dont le nombre est passé à 267, contre 460 il y a plus d'un an, et AT ne va pas pouvoir récupérer ses créances que ce qui restera après avoir réglé les banques, les impôts, et la Sécurité sociale». Nouar Harzallah espère que la solution du partenariat préconisée par le MPTIC sera bientôt mise en œuvre par AT. A défaut, il souhaiterait un «échéancier de 4 à 5 ans, toujours dans le cadre d'un partenariat public-privé pour une durée limitée, le temps pour que Algérie Télécom récupère ses créances».