L'élection de la mouhafada FLN de Batna a tourné à l'affrontement entre bandes rivales. La rixe s'est soldée par le bilan de trois personnes blessées, dont un policier. A Oran, une réunion de ce même parti, organisée par l'aile dite du «redressement», a failli dégénérer elle aussi en pugilat entre partisans de ce courant et leurs contradicteurs fidèles à la direction du parti présidée par Abdelaziz Belkhadem. Ce genre d'incident n'est pas une nouveauté au FLN, où le recours à la violence s'est imposé en tant que mode de règlement des conflits internes. Que l'on agisse ainsi au sein du FLN n'est donc pas pour surprendre et, pour tout dire, les citoyens s'en moquent comme de l'an quarante. Il y a longtemps qu'ils sont revenus de l'ex-parti unique, qu'ils ne voient plus comme une organisation politique mais comme un réceptacle au sein duquel s'agite et grenouille une faune d'opportunistes animée de la seule ambition d'avoir sa part aux privilèges et au bénéfice de la répartition de la rente. Le hic est que ce FLN est le parti majoritaire dans les institutions de la République, qu'il participe à la gouvernance de la nation, qu'il prétend avoir son mot à dire sur les réformes politiques dont le pays est en attente. Sauf que le seul changement à opérer dans l'intérêt de l'Algérie, c'est celui précisément qui apporte la rupture avec «l'esprit FLN» qui a été le continuum entre tous les pouvoirs qui se sont succédé dans le pays depuis son indépendance en 1962. Ce parti a eu l'opportunité de pouvoir s'amender après les évènements d'octobre 1988. Il ne l'a pas saisie et a persisté à servir de faire-valoir et de caution au retour à l'autoritarisme et au déni de la démocratie, revenus en force après cette période dans le mode de gestion du pays. Ce changement aujourd'hui ne peut se concevoir si le FLN y est mêlé à sa définition. L'ex-parti unique doit impérativement être remisé au musée de l'histoire. «Légaliste» ou «redresseur», les courants qui s'y affrontent pour son contrôle sont dans leur nature tout aussi réfractaires au vent d'envie d'un changement politique radical qui souffle sur le pays. L'un et l'autre y sont allergiques et leur affrontement n'a absolument rien à voir avec les débats en cours sur le sujet dans le pays. Que l'Algérie aille mal, qu'elle soit au bord de l'explosion politique et sociale, ni les «légalistes» du FLN, ni ceux qui se targuent de vouloir le «redresser» ne s'en préoccupent. Seul compte pour eux la mainmise sur l'appareil qui leur ouvrirait la porte à l'association dans la prédation des richesses du pays. Les autres partis de l'Alliance présidentielle ne sont pas des exemples à lui donner. Ils sont eux aussi mus par la même conception perverse qu'ils ont de la chose politique. Mais si c'est le FLN qui focalise plus qu'eux contre lui les rancoeurs et le rejet des citoyens, c'est parce qu'il a occupé dans la conscience collective des Algériens une place à part, avant que la faune qui l'a confisqué n'en fasse ce qu'il est devenu. Désormais, toutes les justifications par l'histoire sont nulles et non avenues pour plaider sa cause. L'acte fort du changement politique en Algérie devra consister à en finir avec le FLN et «l'esprit» dont il est le symbole depuis 1962.