La poursuite de la grève illimitée des postiers à Constantine a fini par mettre à bout de nerfs les retraités qui, ne pouvant supporter d'être privés de leur maigre pension, sont montés au créneau. En réaction à cette situation qu'ils qualifient de «préjudiciable», disent-ils, ils ont fermé les allées Benboulaid à la circulation automobile. Hier, devant la recette principale d'Algérie Poste, située au centre-ville de Constantine, ils étaient des centaines à se présenter dans l'espoir de retirer leurs pensions. Malheureusement pour eux, les portes de cette dernière se trouvaient toujours fermées et ce, malgré des informations qui faisaient état que les bureaux de poste seront ouverts les 24 et 25 avril courant, pour permettre justement le retrait des virements des pensions, avec la précision que c'était juste pour assurer le payement de celles-ci. Les retraités ont d'abord fait preuve de patience en s'attroupant sur la place de la Brèche faisant face à la grande poste. Ils étaient plusieurs centaines, mais d'autres ne cessaient d'arriver encore, jusqu'à gêner la circulation. Au fur et à mesure, la foule grossissait et devenait plus dense. Les commentaires se faisaient de plus en plus acerbes contre les postiers, contre les grévistes, contre les autorités locales, etc. Aux environs de 10 heures et quart et après avoir été informés que des retraités avaient fermé la route près de la poste de Daksi, la foule s'est dirigée vers les allées Benboulaid pour en faire de même. Dans ces allées se trouvant en plein centre-ville, il y avait des policiers en faction et ceux-ci sont tout de suite intervenus pour essayer de raisonner les protestataires qui, debout ou assis, formant une masse compacte sur plusieurs mètres, empêchaient la circulation. Les policiers ont eu beau argumenter « qu'empêcher par exemple l'évacuation d'un malade par ambulance, qui n'a rien à voir avec Algérie Poste et avec la grève, n'est pas juste ni raisonnable ». Les réponses des protestataires fusaient « et nous, ne sommes-nous pas otages d'un conflit qui ne nous concerne pas ? Pourquoi refuse-t-on de nous payer ? Au nom de quoi sommes-nous privés de notre argent et de nos économies ? Pour qui se prennent-ils ces postiers ? » Dans ce mouvement de colère des retraités, il est à indiquer que c'est un peu toute la ville du vieux rocher qui est sens dessus, dessous. Ainsi, il est à signaler que d'autres routes ont été barrées, à l'instar de celle de Daksi, comme souligné plus haut, etc. Il est aussi signalé que des bureaux de poste surtout dans la périphérie de la ville ont ouvert, mais de leur propre initiative et juste pour régler les pensions des retraités, bureaux qui ont d'ailleurs été pris d'assaut par les concernés. Enfin, il est noté que les protestataires de la grande poste ont réussi à avoir finalement gain de cause, puisque celle-ci a finalement rouvert vers 11 heures 30, certainement sous la pression et l'intervention des autorités locales et ce, pour éviter l'émeute, car tous les ingrédients pour la déclencher étaient réunis. Vers midi donc, et sous la surveillance de policiers antiémeutes présents devant le portail de la poste, et pour éviter des bousculades, on laissait passer un par un des usagers qui pénétraient pour se faire payer leur pension. Du côté de la poste, son premier responsable, M. Boudjatit, a informé, vers 13 heures, que spécialement pour payer les retraités de la wilaya, 56 bureaux ont ouvert les guichets. Tous ont été approvisionnés en fonds pour deux journées, afin de payer les quelque 80.000 retraités de la wilaya. Aujourd'hui lundi, 10 autres annexes devaient également ouvrir pour le même service.