LES CONSULTATIONS SUR LES REFORMES POLITIQUES EN ALGERIE SUSCITENT UN SCEPTICISME QUI S'ALIMENTE TRES CLAIREMENT DE L'EXPERIENCE ACCUMULEE AU FIL DES DECENNIES. MEME DES ACTEURS QUI ONT, A UN MOMENT DE L'HISTOIRE, JOUE SUR L'IMPLICITE OU LA CONNIVENCE AVEC LE REGIME, SONT AUJOURD'HUI SUR LEURS GARDES. SI LES ALGERIENS N'ONT PAS ETE NOMBREUX A SUIVRE LES APPELS A MANIFESTER POUR LE DEPART DU REGIME, ILS SONT TOUT AUSSI NOMBREUX A NE PAS ACCEPTER DE JOUER UNE PARTITION DANS LAQUELLE ILS SERAIENT, UNE NOUVELLE FOIS, MENES EN BATEAU. CEUX QUI ONT DECLINE L'INVITATION A DISCUTER AVEC LE «COMITE BENSALAH» ONT DE BONNES RAISONS DE LE FAIRE. ILS CONSIDERENT QUE L'OBJET DE LA DISCUSSION MIS EN AVANT PAR LE REGIME NE CONSTITUE PAS LE FOND DU PROBLEME. POUR EUX, L'ALGERIE N'A JAMAIS EU UN PROBLEME DE LOIS OU DE CONSTITUTION. ET CHANGER CES DERNIERES - LES ENJOLIVER - NE CHANGE ABSOLUMENT RIEN AU FOND DU PROBLEME. LA REFORME PAR LES TEXTES TELLE QU'ELLE EST ENVISAGEE PAR LE REGIME COMME LA REPONSE ALGERIENNE A LA DEMANDE DE CHANGEMENT QUI TRAVERSE LE MONDE ARABE EN GENERAL ET L'AFRIQUE DU NORD LEUR APPARAIT COMME UNE DIVERSION. LE FOND DU PROBLEME N'EST PAS JURIDIQUE MAIS POLITIQUE. L'ENJEU POUR L'ALGERIE ET SON AVENIR EST COMMENT SORTIR, PAR DES MOYENS ENDOGENES, D'UN ORDRE OU LA LOI ET LA CONSTITUTION NE S'IMPOSENT PAS EN TOUT TEMPS ET EN TOUTES SITUATIONS AUX TENANTS DU POUVOIR. BEAUCOUP D'OBSERVATEURS ONT RELEVE LE COTE PARADOXAL D'UNE CONSULTATION QUI S'ETEND A DES HOMMES POLITIQUES A QUI L'ON REFUSE DEPUIS DES ANNEES LE DROIT LEGAL DE CREER UN PARTI POLITIQUE. LE PARADOXE N'EST PAS QUE DANS LE COMPORTEMENT DU REGIME. ON PEUT S'ETONNER QUE CES HOMMES, PRIVES DE LEUR DROIT LEGAL, ACCEPTENT DE SE PRETER AU JEU DE LA CONSULTATION. MAIS, BIEN ENTENDU, NE FAISONS PAS LES PURISTES. CEUX QUI FONT ACTE DE PRESENCE PEUVENT AUSSI CHOISIR L'OPPORTUNITE DE DIRE LES CHOSES AUSSI CLAIREMENT QUE LES ABSENTS. C'ETAIT LE CAS, HIER, DE L'ANCIEN PREMIER MINISTRE, SID AHMED GHOZALI, EN «DISSIDENCE» AVEC LE REGIME APRES EN AVOIR ETE UN DES ACTEURS DU «POUVOIR APPARENT». IL A REDIT CE QUI EST DEVENU UNE EVIDENCE POUR LES ALGERIENS: QUAND LES LOIS NE S'APPLIQUENT PAS DEPUIS DES DECENNIES, ENGAGER DES DISCUSSIONS POUR LES CHANGER NE PEUT SUSCITER L'ENTHOUSIASME. L'ALGERIE N'EST PAS DIFFERENTE DES AUTRES PAYS ARABES OU LA DEMANDE DE CHANGEMENT S'EXPRIME FORTEMENT ET BOUSCULE LES ORDRES ETABLIS. MAIS CE QUI FAIT LA «DIFFERENCE» ALGERIENNE EST LA CONVICTION ANCREE DE L'EXISTENCE D'UNE DUALITE ENTRE UN POUVOIR «FORMEL» ET UN «POUVOIR REEL» QUI CREE UN FORT SENTIMENT D'INANITE DE LA REFORME PAR LES TEXTES. DISCUTER DE LA LOI SUR LES PARTIS, DE LA LOI SUR L'INFORMATION, DU SYSTEME ELECTORAL ET MEME DE LA CONSTITUTION SANS ABORDER LA REALITE DE LA POLITIQUE ET DU POUVOIR EN ALGERIE EST UNE DIVERSION. L'AMENDEMENT DES TEXTES EST SECONDAIRE PAR RAPPORT A UN DEBAT LIBRE SUR LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME POLITIQUE ET SUR CE QUI DOIT CHANGER POUR PASSER A UNE AUTRE ETAPE DE LA VIE DU PAYS. LA SOCIETE ALGERIENNE A TROP CHEREMENT PAYE DEPUIS 1988 SES TENTATIVES DE CHANGEMENT, MAIS ELLE N'EST PAS DISPOSEE, MALGRE SES DECEPTIONS ET SES DRAMES, A «FAIRE SEMBLANT». C'EST CE QUI EXPLIQUE LE SCEPTICISME SUR UNE REFORME POLITIQUE NECESSAIRE QUI N'EST PAS REDUCTIBLE A UNE REVISION DES TEXTES.