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Abderahmane Benkhelfa, délégué général de l'ABEF: «Etendre les financements sans toucher à la sécurité de la place»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 05 - 2011

Benkhelfa était hier matin l'invité du matin de la Chaîne 3 de la radio nationale.
Il a notamment évoqué le rôle actuel des banques et leurs relations avec les entreprises.
Pour le délégué général de l'ABEF, le tissu de la PME est la cible des politiques publiques, l'ambition est d'améliorer la relation banque - entreprise. L'ABEF va représenter la « communauté financière » à la tripartite prévue dans quelques jours. «Les banques ont des relations privilégiées avec les entreprises. Sur les 3 300 milliards de dinars de crédits à l'économie nationale en 2010, 90% ont été distribués aux entreprises, donc les banques sont des banques d'entreprises », a noté M.Benkhelfa.
« Nous avons terminé l'année 2010 à presque 17% de crédits additionnels par année, ça veut dire que sur le plan du volume des crédits, cela avance bien », a-t-il dit en guise de présentation de la situation générale. Cependant, a-t-il ajouté, « il y a des difficultés dues à la croissance, à l'état des entreprises, des difficultés dues à la compétitivité des entreprises, à la profitabilité des affaires », et en a-t-il logiquement déduit : « Nous sommes dans une économie en pleine croissance. Nous sommes dans une économie où les risques d'entreprises sont encore importants, c'est pour cela qu'il y a un dialogue dur, et c'est pour cela qu'il y a une dialogue de croissance ; c'est pour cela que les pouvoirs publics jouent un rôle, non seulement de régulateur, mais aussi un rôle de catalyseur, de facilitateur », a estimé le délégué de l'ABEF. Et d'ajouter : « Nous devrions encore avancer, tous les deux, comme acteurs principaux du marché et dans la perspective d'une croissance forte ».
Quels reproches sont faits aux deux parties, la banque et l'entreprise ? Les banques n'ont pas atteint un niveau idéal, elles ont beaucoup de charges institutionnelles, a estimé M. Benkhelfa. Et d'expliquer : « Il y a une modernisation en cours, elle a produit de bons effets sur le système paiement. Pour le crédit, il y a des aménagements apportés aux délais ainsi qu'au niveau de prises de décision… puisque aujourd'hui, des décisions se prennent au niveau décentralisé pas au niveau centralisé ». Du côté des entreprises, les banquiers attendent beaucoup de la mise à niveau « parce qu'elle va permettre de réhabiliter des entreprises », permettre « l'amélioration du management des entreprises, la maîtrise des aspects de production et l'accès à la certification ». Les entreprises sont dans des situations où il y a de la concurrence, et beaucoup de créations de nouvelles entreprises font qu'il y a une non maîtrise de certains aspects managériaux, mais aussi une vulnérabilité dans un marché qui très concurrentiel, a constaté M. Benkhelfa. Des deux côtés, il y a des avancées à faire, a jugé le délégué de l'ABEF. Du côté de la banque, « il y a avancée à faire sur la modernisation des instruments de prise de risque, de calcul de risques… Et du côté des entreprises, « il y a une compétitivité à conquérir. On ne peut pas résoudre des problèmes de compétitivité par des problèmes de financement », a estimé M. Benkhelfa. Ceci étant, «l'effort qui est demandé aux uns et aux autres, et sous l'égide des pouvoirs publics, c'est d'aller ensemble et sans gaspiller des ressources rares».
Au sujet de l'évolution en volume de crédits bancaires, M. Benkhelfa a indiqué: «Nous étions à un moment donné à 8% à 10 % d'expansion à l'année maintenant à 18%, peut-être 20%...». «Nous devons aussi veiller à la sécurité des placements, parce que les ressources des banques, ce sont les ressources de la clientèle et en même temps concilier entre des impératifs d'une expansion forte et d'une sécurité excessivement forte, a estimé le délégué général de l'ABEF.
Il a insisté sur les règles prudentielles qui ont de plus en plus évolué. C'est là le challenge, a-t-il souligné, « c'est réussir à étendre les financements, sans toucher à la sécurité de la place ».
L'octroi des crédits de plus en plus décentralisé
Dans l'organisation actuelle des banques et notamment les grands réseaux, affirme M.Benkhelfa, les éléments de la gouvernance qui sont nécessaires font que la banque, ce n'est pas la Direction générale. Je sais que, de plus en plus, « beaucoup de banques sont en train de donner un espace de décision … « Nous avons à peu près 1500 points sur le territoire national, ce sont des points de jonction, de prise de risque, alors grâce aux directives présidentielles, nous allons sûrement avoir beaucoup d'effets en raison de la dépénalisation de l'acte de gestion et de prise de risque. Donc, nous allons libérer des initiatives, aussi bien du côté économique que du côté bancaire. A ce moment-là, cette décentralisation va certainement huiler les mécanismes d'octroi du crédit toujours dans le cadre d'une gestion prudente».
«Cette décentralisation s'orienterait vers la prise de décision la plus rapprochée du client, à la fois pour l'octroi du crédit et pour le suivi du crédit. Le suivi doit être de plus en plus maîtrisé, parce que lorsqu'on finance une affaire, il faut la suivre», a dit en substance M. Benkhelfa. «Il ne faut pas qu'un crédit additionnel produise des créances non performantes additionnelles. Il faut que le niveau et la qualité des portefeuilles demeurent, donc, il faut que les affaires soient bonnes, que le suivi soit bon, que l'implication des promoteurs soit bonne. Et puis, nous avons, en plus maintenant, mis en place les nouveaux produits, parallèlement au crédit bancaire, il y a les 2 niveaux instruments qui sont le leasing et le capital investissement », a souligné le délégué de l'ABEF. M . Benkhelfa a précisé que le crédit bancaire nécessite des garanties. « Le leasing et le capital investissement ne sont pas des instruments plus faciles, ce sont des instruments qui se font par d'autres moyens », a relevé le délégué général de l'ABEF. Le leasing n'exige pas de garantie alors que le capital investissement exige une ouverture, les sociétés entrent dans le capital y compris celui des entreprises familiales. «Pour 2011, je pense que nous allons atteindre le chiffre de 3 400 milliards de dinars injectés dans l'économie dont I0 à 12% au profit des entreprises, dont une grande partie aux nouvelles créations; nous allons peut-être finir l'année avec 50 000 nouvelles créations d'entreprises y compris les micro PME », a estimé M. Benkhelfa. Il s'est par contre refusé à se prononcer sur l'éventualité de la suppression du crédit documentaire (Credoc), se contentant laconiquement de dire que les banques ont donné, en interne, leur avis à ce sujet aux pouvoirs publics.


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