La tripartite, dont les travaux débuteront jeudi prochain, se déroulera dans un contexte où l'on entend les hautes autorités du pays promettre à l'envi ouverture et changement et l'instauration de consultations sans exclusive avec les acteurs agissant dans les sphères politique, économique et sociétale. Dès lors que la tripartite a été chargée d'ouvrir des dossiers relatifs à la situation socio-économique du monde du travail, mais aussi à l'avenir de l'économie du pays et de la production nationale, ces hautes autorités auraient pu faire le geste fort marquant leur volonté d'ouverture en invitant à leurs travaux d'autres participants que l'UGTA et les organisations patronales, dont le gouvernement a fait ses seuls partenaires avec qui discuter des problématiques économiques et sociales qui se posent à l'Algérie. L'on a pensé que pour avoir fait inviter les « exclus » de la tripartite au forum de la société civile organisé récemment par le Conseil national économique et social (CNES), le Pouvoir avait renoncé à l'ostracisme dont il faisait montre à leur égard. Il n'en est rien de tout cela, car la tripartite de jeudi ne dérogera pas à la pratique de l'exclusion. Peut-être que sous la pression d'une situation nationale pour le moins en effervescence, les participants à la tripartite feront preuve d'audace dans les décisions et mesures à prendre. Ils sont en tout cas avertis qu'ils prendront le risque de provoquer un regain des tensions sociales, si ce n'est l'explosion, au cas où ils se contenteraient de faire « du colmatage » par le biais de mesurettes et de décisions aux contenus et dispositions dérisoires par rapport aux attentes qu'expriment le monde du travail et les acteurs économiques du pays. La continuité que manifestent les autorités à vouloir traiter de problèmes essentiels, nécessitant par conséquent la plus large confrontation d'opinions, dans le huis clos d'une tripartite à la participation triée sur le volet par le recours à une sélection sur la base de critères pernicieux, relativise au plus bas point la notion du changement qu'elles font miroiter. A travers cette tripartite qui va être réunie dans les mêmes formes et méthodes que les précédentes, le Pouvoir persiste et signe dans l'exercice de la gestion unilatéraliste des questions économiques et sociales, tout comme il le fait pour celles ayant trait à la sphère politique. Ce que faisant, il ne peut faire grief à ceux qui n'adhèrent pas à sa démarche marginalisante de « jeter de l'huile sur le feu » ou de vouloir faire avorter le processus de réformes et de changements dont il a pris l'initiative. L'ouverture que les autorités se targuent d'avoir entamé n'en est pas une, du moment qu'il n'est pas tenu compte des avis et des propositions des acteurs et forces n'ayant pas forcément les mêmes visions que celles du Pouvoir et prônant des solutions autres que les siennes. Ce Pouvoir et ceux qui lui sont liges n'ont pas l'exclusivité de « vouloir bien faire » pour l'Algérie. Ses détracteurs sont des « patriotes » guidés par l'intérêt national, et à ce titre en droit d'être entendus. Ils sont des forces contradictoires certes, mais vouées au constructif pour le pays.