Pas moins de 3.025 personnes ont trouvé la mort sur la route entre le 1er janvier et le 31 août dernier, a indiqué hier Ahmed Naït El-Hocine, commissaire principal à la direction de la sécurité publique de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Ce responsable, qui était l'invité à la radio Chaîne 3, a précisé que 509 personnes ont été tuées en zone urbaine. Le nombre de morts sur les routes en Algérie atteint en moyenne 4.000 par an. En huit mois, la police a enregistré 28.893 accidents, dont 12.625 dans les zones urbaines. «Le facteur humain est la cause de 90% des accidents. Sur les 15.894 enregistrés en 2010, 14.884 sont dus au non-respect du code de la route», souligne-t-il. Les accidents ont pour origine notamment l'excès de vitesse, la non-utilisation des passages pour piétons, le non-respect de priorité et les dépassements dangereux. «La proportion des accidents dus à l'utilisation du téléphone portable au volant est insignifiante par rapport aux autres causes, à l'image de l'excès de vitesse et de l'indiscipline des piétons», ajoute M. Naït El-Hocine. Selon lui, la présence des agents de l'ordre ne peut pas combler les mauvais aménagements de la route et le manque de signalisation. «La sécurité publique, c'est un tout. Ce n'est pas uniquement la présence policière. Les mesures répressives ne visent que les contrevenants. Les 100 radars qui sont déployés sont efficaces. Nous attendons l'acquisition de 100 autres radars pour les déployer dans les wilayas qui enregistrent le plus grand nombre d'accidents, à l'image d'Oran, Alger, Constantine, Tlemcen, Sétif, Bordj Bou Arréridj », dit-il. «Les caméras de surveillance sont au stade de l'expérimentation. A l'avenir, elles serviront à réguler la circulation automobile et nous avons émis des propositions pour une plus grande utilisation des feux tricolores», affirme le responsable de la DGSN. M. Naït El-Hocine estime que le permis à points est une solution pour lutter contre l'insécurité routière. «C'est un dispositif qui a fait ses preuves dans beaucoup de pays. Le système de sanctions actuel ne fait pas de distinction entre les contrevenants primaires et les contrevenants récidivistes, à l'endroit desquels des actions à la fois répressives, pédagogiques et de formation doivent être entreprises», dit-il. Selon lui, le permis à points «allie simultanément la dimension répressive et éducative de la sanction». «Le conducteur ressent la menace de l'invalidation du permis à chaque retrait de points», poursuit-il. Un avant-projet de décret exécutif encadrant le système du permis à points a été présenté, en février dernier, par le ministre des Transports pour adoption en Conseil de gouvernement. Les titulaires du permis de conduire auront un capital initial de 16 points (contre 8 points pour les détenteurs de permis probatoire). « Une fois que le conducteur aura perdu tous ses points, le permis lui sera retiré définitivement», précise l'invité de la radio. Inspirée du modèle en vigueur dans certains pays occidentaux, cette nouvelle disposition «est un outil pédagogique qui responsabilise le conducteur et lui offre l'occasion de gérer son capital de permis à points», explique le responsable de la DGSN. Tout contrevenant au code de la route se verra retirer un certain nombre de points. Le barème sera arrêté après l'adoption du projet de décret y afférent. Le retrait des points tiendra compte de la gravité de l'infraction commise. Il y a quatre catégories d'infractions. Si un conducteur n'a pas épuisé tous ses points, il pourrait, à la faveur d'un stage de sensibilisation qu'il suivra dans une école spécialisée, récupérer un certain nombre de points. A l'épuisement de tous les points, l'intéressé sera interdit de passer l'examen pour l'obtention du permis de conduire pendant un délai de six mois. Après ce délai, il passera à nouveau l'examen pour l'obtention du permis de conduire après avoir subi des examens médicaux. Il peut y avoir retrait d'un ou deux points pour les petites infractions ou trois ou quatre points si l'infraction est plus grave. La conduite en état d'ivresse ayant occasionné des blessés ou des morts est un délit passible de retrait du permis pendant quatre ans. A signaler qu'en plus de la perte de points dans le permis de conduire, le contrevenant au code de la route s'expose aussi au paiement d'une amende forfaitaire. L'instauration du permis à points remplacera ainsi le retrait automatique du permis de conduire tel que consacré par la loi de juillet 2009. L'instauration du permis à points a été retardée par l'absence d'un fichier national des permis de conduire.