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À l'écoute des walis, des élus et du peuple
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 10 - 2011

Quel rôle doivent avoir les articulateurs de la société civile et les acteurs étatiques dans la promotion des systèmes de gouvernance au regard des grands enjeux et des urgences du moment ? C'est à cette lancinante interpellation que le CNES, dans ses tournées, se devait de répondre, ou au moins susciter une ombre de réponse.
Mais d'emblée, il ne semble pas que tous «ces assis et assises» présents dans les rencontres régionales aient pu comprendre l'approche du CNES. Tous ont versé dans la requête, le bilan négatif. Une Algérie noire est vite dessinée aux yeux éberlués du président du CNES. Ces sociétaires doivent aussi avoir raison. Rien ne semble aller au mieux. Le CNES, qualifié par l'intelligence qui le préside en la personne du professeur Babès comme un «prétexte institutionnel» s'est vu alourdi par cet «exercice» prospectif de sonder les tréfonds d'une société en pleine et éternelle mutation. Il s'est attelé à faire réfléchir le génie collectif à même d'aller vers la rénovation du système de la gouvernance dans une entité en phase de transition permanente. Il doit aussi faire parler les segments sociétaires pour explorer et examiner un nouveau régime de croissance nationale. Les reformes politiques lancées le 15 avril requièrent un soubassement adhésif populaire. Les regroupements tenus ici et là, ont pour objectifs d'identifier les pistes pragmatiques de résorption des effets négatifs de la crise multidimensionnelle qui stigmate la nation et qui avait exigé ces reformes. Le «génie du terroir» est ainsi appelé à la rescousse selon l'interlocuteur. Il sera l'élément mobilisateur de l'énergie de la mémoire commune. La solution définitive ne peut donc provenir que d'un saut sociétal qualitatif loin des anciens clichés socio-économiques et des schémas obsolètes des solutions classiques. Ce laboratoire analytique sur les conjonctures tensionnelles majeures tend à produire un croisement de réflexions aux reflets conjecturels pouvant surgir de toutes les strates sociales. Le principe du dialogue de la base au sommet, processing d'un certain centralisme démocratique semble le mieux adapté pour ce genre d'enquête en profondeur.
Walis, chefs de daïra, directeurs exécutifs : une administrocratie et un pouvoir technocratique sans plus. Ils étaient tous là. Dans la capitale des Aurès. Certainement ailleurs. Sitifis et Cirta. Dans ce conclave dressé expressément autour du développement local. Le CNES en est l'animateur. Leurs costumes hétéroclites et galvanisés, leurs cravates bigarrées créent la différence des cultures. Les uns scintillants mais blêmes, les autres sobres mais allègres. L'assistance comme une cartographie fait démontrer un relief bien divergent a quelques repères cardinaux. Elle démontre aussi beaucoup d'appréhensions. De ce panel de fonctionnaires venus de quatre wilayas, écouter leur dire les reformes en cours ; il se dégage une multitude d'air et d'humeur. Chez les chefs de daïra, l'heure est à la méditation sur le profil carrieral. Ces petits walis, en mal d'égérie, semblent tous afficher l'ossature d'une ambition qu'un jour viendra où ils auraient eux aussi à officier sur ce podium tenu par les titulaires du pouvoir local actuel. Les directeurs d'exécutif de wilaya, tels des automates programmés à un rythme usuel d'exécution et d'application, font dans le sentiment d'aigreur et de l'insatisfaction achevée. A l'apparence, cet important réduit d'administrateurs, voire d'administrocrates au sourire pauvre et indigent, continue à ne croire qu'à un seul développement. Le leur. Personnel. Des visages pathétiques aux mines patibulaires, les personnes ne sont présentes que par ordre de mission. Ils sont une prescription à devoir impérativement y être. Combler la salle, en attendant qu'elle le soit avec cette foultitude improprement dite société civile. Si un certain parallélisme de forme existe pour ne pas les départager dans l'architecture de l'obéissance et de l'astreinte aux devoirs de la fonction, ces commis se démarquent pourtant l'un de l'autre par l'ouverture ou l'obstruction de l'esprit. L'un trop vigilant reste muet et aphone, l'autre peu loquace demeure plaisant pour ne rien dire. Cet appareil exécutif à qui incombe l'essor de tout développement semble bien détenir un pouvoir purement technique. L'autre, le réel, le décisif ; il échappe à tous. Pourtant ce sont eux, ces directeurs, ces chefs de daïra qui ont fait l'Algérie qui semble aller fermement vers les reformes globales. Cette Algérie des mystères et des phénomènes. Ces délégués sectoriels d'institutions diverses ont fait aussi, à leurs corps défendant, la plateforme génésiaque du développement local quand bien restant à parfaire. Ils s'étiolent sous le joug de la nomination du journal officiel qui, pour bon nombre, dure sans changement de niveau hiérarchique depuis plus de vingt ans. Figés au poste, affables, malléables et corvéables, ils scrutent la reforme sous un autre angle. Celui de leur propension fonctionnelle. Se mouvementer dans la procession du bon sens promotionnel. Il y a ceux qui ont fait dans le temps la révolution agraire et qui font aujourd'hui son contraire. Ils ont la peur du mot et de la parole. L'on dirait qu'ils ne savent discourir qu'en face du papier à entête, du cachet et de la griffe humide. L'autre expression, celle du moi ; de l'égo, de tous les jours, l'on ne connait pas. Enfin, le moule étatique de la fabrication voyez-vous en a fait ses ravages.
Certains walis présents cependant persévèrent à cultiver le don de l'impénétrable, de l'inabordable se prenant encore et encore pour d'authentiques détenteurs de pouvoirs. Mon œil ! Si certains d'entre eux arrivent toutefois avec toute l'aisance dévolue aux grands commis de l'Etat, à incarner commodément la fonction qu'ils supportent, de par leur noblesse, candeur, mesure, modestie et altruisme ; d'autres par contre sentent la moite froideur qui sévit sur le mont de Sidi Ghriss là où l'un d'eux officie. Taciturne et aphasique l'on n'égalera jamais les walis qui nous ont mis en orbite. L'on ne feindra pas aussi d'omettre les témoins de son adolescence professionnelle. De la fausse réserve, se dégage la répulsion. Beaumarchais, dans le monologue de Figaro disait en 1784: «parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie. Fortune, puissance, un rang, tout cela rend si fier. Qu'avez-vous fait pour tant de bien ? Vous vous êtes donné la peine de naitre, rien de plus» moralité : ayez le regard par terre, la tête sur les épaules.
LES ELUS LOCAUX : LA DOLEANCE AUX LIEU ET PLACE DE LA SUGGESTION
Les objectifs attendus de ce projet de rencontre, tout à l'honneur du CNES, qui redécouvre ainsi quelque part une ardeur essentielle perdue, visent principalement à suggérer l'action de refondre les structures économiques et le mode de fonctionnement de l'économie nationale dans ses perspectives fondamentales à savoir la restauration d'une croissance stable et durable , le rééquilibrage de la répartition dans l'esprit d'une grande justice sociale et de couverture des besoins ainsi que le fait de préparer la politique nationale à se concilier avec les nouvelles situations générées par le mouvement mondialiste, les révolutions régionales et les engagements internationaux du pays. La mission est super noble. Mais l'assistance en l'espèce d'élus locaux ne paraissait pas se mettre au diapason de l'ordre du jour. Monsieur Babes n'est pas venu pour sérier ou recenser les doléances. Si mais autrement. Cette rencontre n'est pas une tribune de gémissements ou de requêtes. Elle se veut un cadre concertationnel. Une écoute réciproque à la conquête de la moindre suspicion stratégique de résolution de sortie de crise. Une ébauche suggestive aux reformes en cours. Le CNES n'est pas un fonds national, il n'est qu'un conseil national et sans fonds. Il n'a pas de cagnotte ni des dinars à distribuer. Alors pleurnicher sur ses estrades, se lamenter, peiner à mugir ses misères ; n'apporte pas grand-chose, sauf un soupir ému et itératif du pauvre professeur, désarmé par-devant les dysfonctionnements qui gangrènent le corps dont il est en charge d'auscultation. Le diagnostic est brumeux et brouillonné. Le vice partage toutes les parties. La vertu, denrée raréfiée, adulée et aspirée s'astreint à une quête de tout le monde. Le mal est vu partout, de partout et par tous. Il est dit par certaines voix en bonne phase à l'enjeu, que le retour à la théorie de l'équilibre régional, en tant que facteur d'égalité se devait de réapparaitre dans le projet à bâtir. Ceci ira en droiture d'éthique pour permettre une redistribution saine et équitable de la richesse nationale. Tébessa équivaudrait Tlemcen et Ain Defla égalerait Sétif. Un nombre impressionnant de fonds budgétaires ou de trésor public dédiés à l'assistance, l'appui, la garantie, la sauvegarde, l'encouragement, l'aide, de toutes portions socioéconomiques confondues existent. Le hic, la clef de ces comptes n'est pas chez tous ceux ayant besoins ou ayant droits. La combinaison d'ouverture est une équation de rapports de force, auraient assené sèchement certains intervenants. Il est question également de ce statut de l'élu, sans qu'il ne soit de la sorte abordé, aurait trouvé par principe son aboutissement dans le projet de loi sur les partis, le code électoral et autres textes organiques subséquents. La comparaison du volume salarial entre un maire et son secrétaire général ou son chauffeur est vite trouvée et mise en exergue. Une loi organique de l'élu, tenant compte des incompatibilités, des droits et obligations est diligemment souhaitée, quoique mal exprimée. La prise de parole se fait comme dans un auditoire de meeting populaire lors d'une campagne.
A l'exemple de ce président d'assemblée de wilaya à Sétif qui demandant plus de prérogatives, avait stigmatisé la constitution des commissions de sécurité là où il n'en est pas membre, si comme la sécurité de ses électeurs n'est pas son affaire disait-il au moment où elle est chantée comme étant celle de tous.
Les élus du peuple ont voulu dire, sans s'avancer à creuser la pesanteur de la représentativité et accentuer le regard serein sur l'assise populaire qui les corrobore ; le marasme procédurier qui les prend en otage face à leurs populations. Dénonçant le code des marchés, ils auraient du le faire pour le code communal. Révoquant l'imposition récente du contrôleur financier auprès de chaque commune, ils auraient du le faire pour leurs attributions égrenées et rendues squelettiques par ce même code communal. Car le contrôle financier est une institution républicaine. Le makhzen ou le beylik fait partie d'une ère révolue. La componction sur une période d'impunité où l'opacité gestionnelle était une norme collectiviste est au bonheur des générations dissipée. La transparence dans la finance publique enfante sans césarienne coercitive une bonne santé de la sphère communale. Seul un jeune maire, énarque et louveteau semble avoir compris l'impact des assises. Il proposait de revoir cette vague notion d'intercommunalité, de déterrer la réflexion sur la régionalisation et de moraliser davantage les mœurs de la gestion loin d'un climat de terreur, de tension ou de menace. Fait-il ainsi un clin d'œil vers la députation ?
SOCIETE CIVILE : COSMOGRAPHIE HYBRIDE, HETEROCLITE, SNP
La séance consacrée à cette entité composite et matinée aurait été un calvaire pour la tête échevelée du professeur. C'est elle qui dure le plus longtemps. Tout l'effluve visqueux de la société est capable d'y faire face. Un risque majeur pour les tympans enjôlés aux belles lettres et suaves sons. Société civile, un sacré fourre-tout. Elle est comme une toile à plusieurs nuances. Sans signature, sinon illisible, elle se peint de tout pinceau en aquarelle ou en gouache. Elle se conjugue à tous les temps en genre et en nombre. Une opération d'arithmétique : 15 bonhommes, et hop y a une association de née ! On y trouve la fortune face à l'intelligence, l'histoire face à la fraicheur, l'idiot face à l'activiste, un amas de siècles face à quelques années à peine révolues, un néant, un rien, un vide. Tout y est au moment où personne n'y est. Dans ce conglomérat sociétal censé être la sève de la représentativité sociale, le problème persiste à se murer dans l'agencement de la légitimité de cette même représentativité. Qui représente qui ? Le fou du village, la langue fourchue, l'antidémocrate sont tous là. Prescrit ou fortuit, dans la salle il y a toujours un guignol. Le bouffon du roi. La société dite civile est ainsi une création et non une spontanéité. Ailleurs elle forme une cause, elle se forme au sein de groupe. Là aussi, dans ce conclave illusionné, le costume fait des siens. Quand dans ce costume, semblable à celui du mouhafadh, coexistent dans le même habit, à l'étroit ; l'élu, le sénateur, le cadre dirigeant, le partenaire social, le chef d'entreprise, c'est que dans cette société personne n'est plus personne. Pendant que les séances se structurent ; lui se déambule, se pavane, charme les alentours et guette à l'œil de lynx les joutes législatives. Le CNES n'est pas encore faudrait-il le rabâcher, une assemblée générale de Kasma.
Le professeur Babes, tel un édile prussien nimbé d'une crinière cendrée à la Albert Einstein sonne la timbale de la liberté d'expression. «Libérez vos voix !» avait-il entonné à l'égard de son auditoire. Expliquant de ce fait le geste chevaleresque du wali de Batna, quand ce dernier quitta la salle après avoir exhorté dans une éloquence liminaire l'ensemble à manifester leurs inquiétudes et préoccupations, à faire jaillir les miasmes de leurs tripes, à ragaillardir l'ingéniosité de source territoriale. Babes et le monde trouveront dans cet acte vaillant, une opportunité managériale de laisser le cours d'expression galoper loin de toute emprise ou indisposition. La salle exclamait le chef de l'exécutif pour cette béante ouverture d'horizon, largesse d'esprit et admission d'avis, et d'avis contraire. Eventuellement.
Les avis allait du subjectif à l'informel. La collectivité mercantile pérorait sur les agios et les bonifications, quand l'industrie et les chambres de commerce refondaient, à leur sens les interstices des codes, des ratios et des taux. Le mouvement associatif s'omettait dans la profusion des subventions tout en galvaudant sur des domaines frisant une autre crise dans le flou de la légitimité représentative. Ici encore le CNES n'est pas un guichet bancaire qui crédite les pauvres ou débitent les nantis. Il se veut dans ces rencontres comme une oreille présidentielle très attentive sur les voies, la teneur, l'intensité et la démarche de la globalité reformataire. Le CNES aurait prêté une bonne attention au discours des walis, à la voix de la société, sans qu'il la prête au peuple. Car croyant seulement le faire. Le 22 décembre, les assises nationales ; serait une autre rencontre de tous ces sociétaires. Le peuple y sera-t-il cependant ?


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