La capitale des Zianides a vécu, depuis avril 2011,l événement culturel «Tlemcen, capitale de la culture islamique en 2011» d'une dimension internationale. Ainsi, 24 pays islamiques et non islamiques ont participé aux journées culturelles dédiées à leur patrimoine, et près de 500 000 personnes, dont près de 7 000 étrangers, ont visité les différentes expositions organisées au niveau des musées et du Palais de la culture. Durant toute cette manifestation, Tlemcen s'est parée de ses plus beaux atours. Tlemcen a fait peau neuve, et a dégagé une fraîcheur et une propreté sans égales. De l'aéroport jusqu'au centre-ville, tout a brillé. La propreté des lieux a été frappante. La ville, qualifiée de perle de l'Ouest, s'est mise à la hauteur de l'événement, «Tlemcen capitale de la culture islamique en 2011». Cet évènement international a permis le déclic pour la vraie relance culturelle dans cette région de l'Ouest», comme l'a indiqué, M. Abdelhamid Belblidia, coordonnateur général de la manifestation en question, lors d'une conférence de presse-bilan. Mais, Tlemcen présente un autre visage de bidonvilles qui continuent à ternir son visage. Bidonvilles, vieux bâtis, routes délabrées, constituent le décor quotidien dans la capitale des Zianides. «L'écart est frappant», constate un architecte et ancien chef de service de la direction de l'urbanisme de Tlemcen. «Les bidonvilles, ces quartiers «pauvres» sont aujourd'hui une réalité avec laquelle il faut compter. Ils constituent sans aucun doute le problème numéro un de l'habitat dans la ville de Tlemcen. On constate que depuis quelques décennies, une croissance sans précédent s'opère dans la ville. Cet accroissement est surtout très prononcé dans les quartiers informels de Koudia, Riadh El-Hamar et Boudghene», expliquera cet architecte. Et d'ajouter: «Ces quartiers sont dus à un fort exode des populations rurales vers la ville. Ne pouvant accéder à une quelconque propriété, par manque de moyens, les habitants bidonvilles s'entassent dans ces grands quartiers et construisent des abris de fortune. Pourtant, les quartiers informels sont des zones urbaines qui apparaissent sur le plan directeur urbain de la ville de Tlemcen. Leurs occupants sont propriétaires, locataires du terrain et les constructions sont juridiquement légales. Ils peuvent bénéficier des aménagements urbains tel que les réseaux routiers, les égouts, l'adduction en eau, l'électricité, ... Les habitants bidonvilles font face à des problèmes quotidiens. Par exemple, étant donné l'inexistence de réseaux routiers digne de ce nom, il est parfois bien difficile d'accéder à la ville ce qui isole un peu plus encore ces districts. Les municipalités quant à elles ne se préoccupent guère de ces secteurs. D'abord en ne les incérant pas dans leurs plans d'urbanisme, en les cachant ou pire, en les détruisant». Par exemple, à Chetouane, chaque année, les autorités locales procèdent à des destructions de quartiers entiers séparant des familles et détruisant souvent un réseau qui s'était établi au sein de la communauté de ces habitants bidonvilles. Femmes et enfants se retrouvent soudainement dans la rue. «De manière générale, les municipalités tentent de cacher leurs bidonvilles, jugés nocifs à «l'image de la ville», au tourisme et aux investisseurs. Le recours systématique à la violence prouve parfaitement l'incapacité des élus à gérer le problème de surpopulation mais surtout leur manque de volonté d'améliorer quoique ce soit dans les quartiers informels», commentera t-il. Aujourd'hui, ce phénomène pose un vrai casse- tête aux autorités locales d'autant plus que même les lotissements censés régler le problème et améliorer les bidonvilles sont aujourd'hui impossibles à réaliser puisque ces opérations d'urbanisme nécessitent une autorisation, combien même difficile, du ministère de l'intérieur. Il faut rappeler, dans ce cadre, que les lotissements ont été bloqués, en 1990, par les pouvoirs publics, ce qui complique la tâche des élus pour toute opération d'aménagement. Pour les solutions visant à améliorer ces bidonvilles, l'architecte dira: «Des parcelles pourraient être créées pour recevoir ces populations ce qui éviterait les constructions désorganisées. De plus, au sein des bidonvilles les habitants pourraient se concerter pour travailler ensemble sur des projets concrets. Ce genre de démarche permettrait petit à petit d'améliorer les conditions sanitaires, les différents réseaux et d'améliorer le cadre de vie de ces habitants». Par ailleurs, Tlemcen est classée troisième en pollution automobile à l'échelle nationale, explique un rapport de l'Association pour la sauvegarde et de la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (ASPEWIT) et ce, malgré les efforts consentis par les autorités locales (réalisation de trémies) le problème de la circulation urbaine reste posé. Le nombre de voitures est en perpétuelle augmentation. L'étroitesse des rues au centre-ville et l'absence des parkings n'arrangent pas les choses. «Il faut changer le plan de transport pour que Tlemcen recouvre la fluidité de la circulation urbaine d'antan», précise t- on dans ce rapport.