Considérés comme des établissements de divertissement, les cybercafés sont des espaces publics mettant à la disposition des usagers des moyens de communication permettant d'accéder à l'Internet et d'entrer en relation avec des tiers pour des raisons professionnelles ou personnelles. A Oran comme dans les autres villes du pays, ces espaces sont loin de jouer leur rôle et nombre de ces cybers ne respectent pas la réglementation. Plusieurs mesures ont été prises pour lutter contre les dépassements. Dans ce cadre, on apprend que la direction de la réglementation générale a décidé de geler temporairement l'opération d'attribution des agréments d'ouverture de cybercafé. Un nouveau cahier des charges plus rigoureux a été appliqué l'année dernière. Depuis on ignore le nombre de cybercafés fermés, mais l'abandon de l'activité, à cause de ces mesures, ne se limiterait pas, à en croire des gérants, à quelques-uns. Selon des sources proches d'Algérie Télécom, «au moins 2% des cybercafés ont baissé rideau» avant d'ajouter que «si la réglementation était appliquée à lettre, 50% des cybercafés sont menacés de fermeture». Certains parmi eux ont été contraints au cours des mois derniers de fermer «pour une affaire de paperasse». « On m'a exigé l'obtention d'un agrément, dont la demande exige la présentation d'un dossier comportant plusieurs documents. C'est une façon comme une autre de me décourager », affirme un gérant d'un cybercafé au centre-ville dont le local est fermé depuis quelque temps déjà. Les gérants appréhendent aussi de devoir mettre la main à la poche du fait que les cybercafés doivent être dotés, selon le décret, de système anti-incendie et d'issues de secours. Ils doivent également fournir un certificat de conformité et le permis de construire. « Qu'ils exigent certaines mesures comme une issue de secours, je trouve cela normal et même nécessaire, mais quand on vous demande l'accord de plusieurs institutions, cela demande un temps fou. Cela peut s'étaler sur des années peut-être, alors que vous ne pouvez pas vous permettre cela, surtout sur le plan financier », ajoute-t-il. La loi en question exige notamment des exploitants des cybercafés de ne pas permettre l'accès des mineurs et des enfants aux cybercafés à partir de 18 heures. Sur le terrain, la réalité est tout autre. Les cybercafés sont aujourd'hui le lieu privilégié de rencontre de beaucoup de jeunes et enfants. Une tournée dans les cybercafés d'Oran laisse perplexe. Les propriétaires de ces espaces, pour leur part, veulent rentabiliser le service offert. Les enfants, qui représentent une clientèle importante pour ces espaces, et qui ne sont jamais accompagnés de leurs parents, viennent souvent après les heures d'école jouer sur le web, écouter de la musique, regarder des films et consulter certains sites. De leur côté, les propriétaires des cybercafés reconnaissent que les enfants représentent une clientèle importante. « Les jeunes comme les enfants sont nos principaux clients. Ces derniers se réfugient chez nous pour jouer, télécharger la musique. Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux à aller sur des sites réservés strictement à un public adulte », dira le gérant d'un cybercafé. Un autre au centre-ville affirme que ces enfants ont entre 8 et 16 ans. Le prétexte premier des enfants pour naviguer sur Internet reste la réalisation de travaux et de devoirs scolaires. Dans cette optique, une étude sociologique réalisée par des chercheurs et des professeurs de l'université d'Alger a démontré l'impact négatif de l'Internet sur la santé mentale et l'équilibre psychique des jeunes internautes en Algérie. 60% des enfants se sont habitués aux cybercafés. Les résultats de cette recherche indiquent que plus de 40% des enfants, qui fréquentent régulièrement les cybercafés, sont « accros » de sites pour adultes. Plus de 80% des parents n'exercent aucun droit de regard sur les sites Internet que leurs enfants visitent, alors que 62% les encouragent à fréquenter les cybercafés. Cette absence de l'autorité parentale représente, aux yeux des sociologues, une autre menace qui pèse aujourd'hui sur la famille algérienne.