Elle était belle, à défaut d'être rebelle, l'Assemblée nationale qui, samedi, a porté à sa présidence Mohamed Larbi Ould Khelifa. Belle par ces nombreux visages féminins qui vont désormais peupler son hémicycle. Il y a beaucoup à dire sur le scrutin dont cette assemblée est issue et les partis qui en contestent les résultats ne s'en privent pas. Saluons néanmoins qu'il a été l'occasion de vérifier que la loi fixant les modalités d'accroître les chances d'accès de la femme à la représentation dans les assemblées élues a été respectée. Mais il faudra néanmoins attendre de voir comment nos députées entrées en force dans cette nouvelle APN vont s'acquitter de leur mission parlementaire, pour savoir si elles vont contribuer à redorer le blason passablement terni de la représentation nationale. L'assemblée installée samedi n'a pas donné le signal qu'elle sera rebelle, malgré l'effervescence contestatrice déclenchée par la poignée d'élus de «l'alliance de l'Algérie verte» à l'entame de la cérémonie inaugurale de la 7e législature. Les nouveaux députés (ées) de la majorité ont, comme leurs prédécesseurs, été prompts à lever leurs mains pour entériner le choix du président de l'APN en la personne de Mohamed Larbi Ould Khelifa, choix sur lequel ils n'ont pas eu leur mot à dire car venant «d'en haut» Et cela annonce que ces mêmes mains se lèveront consentantes à chaque fois que le demandera cet «en-haut». Parallèlement, les 16 partis contestataires des résultats issus du scrutin ont installé le même jour, samedi, un «parlement populaire» en défi des autorités. Leur initiative se veut une action politique par laquelle ils escomptent mettre ces autorités en difficulté auprès des opinions nationale et internationale. D'emblée, il apparaît néanmoins que leur détermination à mener cette sorte d'opposition est soumise à rude épreuve suite aux réticences, voire au refus qu'ont exprimé des députés élus le 10 mai de certains de ces partis concernant le mot d'ordre de boycott de la nouvelle APN. C'est le cas des 9 députés du FNA de Moussa Touati, qui est pourtant la locomotive, avec le FJD de Abdallah Djaballah, de la contestation partisane. Sachant peut-être que la protestation antifraude électorale dont il est le porte-parole le plus véhément ne sera pas en mesure de déstabiliser le pouvoir qui, à ses yeux, en est l'auteur. Ce même Abdallah Djaballah s'est déchaîné contre les observateurs étrangers coupables, selon lui, «d'avoir validé le scrutin entaché de fraude». Mais aussi contre le PT et le FFS qu'il a accusés d'avoir « fait le jeu du pouvoir dans la comédie électorale ». Accusation on ne peut plus saugrenue en étant proférée par le chef d'un parti à qui elle peut être retournée car ayant lui aussi participé au scrutin et prôné avec insistance la participation. Si répartition de quotas il y a effectivement eu lieu dans le scrutin du 10 mai, la colère de Djaballah ne vise pas à en dénoncer le principe, mais qu'elle ait lésé sa formation. Une telle hypocrisie dans l'indignation ne dupe pas grand monde et ne constitue pas un incitateur à faire crédit à l'opposition dont le chef du PJD se veut l'incarnation. Enfin, autant le simple citoyen se montre détaché à ce qui s'est déroulé samedi dans l'enceinte de l'APN, autant il est indifférent au «parlement parallèle» installé par les partis protestataires. Pour lui et faute de la preuve contraire, tout a été « changé le 10 mai pour que tout continue comme il en allait avant».