Les représentants d'une trentaine de pays et plus de 160 experts ont planché jeudi et vendredi à Istanbul sur les moyens de renforcer la lutte contre le terrorisme dans le monde, alors que le réseau d'Al Qaida constitue plus que jamais une menace contre la paix et la sécurité internationale. Le Forum global contre le terrorisme (FGCT), organisé sous les auspices des Nations Unies, a réuni dans la capitale turque un parterre de responsables politiques et experts internationaux dans la lutte contre les réseaux terroristes. L'Algérie, qui était représentée par M. Abdelkader Messahel, secrétaire d'état chargé des affaires maghrébines et africaines, a plaidé pour un renforcement de l'action internationale en matière de lutte antiterroriste. Le Forum marque «notre volonté commune de lui imprimer une vitalité continue», a t-il indiqué. Cité par l'APS, il a ajouté que 'beaucoup de choses sont en train d'être entreprises pour essayer de coordonner les points de vue de tous les pays du Forum pour faire en sorte, que la lutte contre le terrorisme devienne un phénomène réfléchi avec sa dimension de lutte contre le financement du terrorisme, la mise à niveau des législations nationales et les capacités des pays concernés à faire face à ce phénomène». Il a ajouté par ailleurs que 'nous estimons que la volonté politique de lutter contre le terrorisme ne peut être valablement attestée ; que si elle est accompagnée d'une volonté forte de lutter contre le financement de ce fléau». Il a, en outre, souligné concernant la réunion tenue en novembre dernier à Alger avec les Etats-Unis sur le terrorisme, que les résultats de cette réunion «méritent d'être mis à profit et exploités comme une contribution au Forum et à l'effort international visant à tarir les sources de financement du terrorisme». Par ailleurs, il a rappelé lors de son intervention devant le Forum, la nécessité de renforcer les capacités des pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, appelant le groupe de travail du Forum sur le Sahel à «dégager des créneaux concrets pour renforcer les capacités des pays de la région dans la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé». «Nous savons que les pays du Sahel peuvent compter sur une coopération et un partenariat constructifs avec la communauté internationale», a-t-il dit. Le Sahel, où se sont solidement implantés, notamment au Nord-Mali des groupes terroristes affiliés à Al Qaida, est actuellement au centre de vives préoccupations de l'Algérie et des pays du Champ, mais également des Etats-Unis et de l'Otan. Très remarquée, la présence au Forum de la secrétaire d'Etat américaine Hilary Clinton, a donné à cette rencontre un peu plus d'épaisseur, et davantage de crédit quant à la volonté de la communauté internationale et particulièrement les pays du Forum, de lutter un peu plus efficacement contre le terrorisme et de coordonner à l'avenir une action commune contre ce fléau. 'Al Qaïda constitue toujours une menace et s'est répandu géographiquement'', a affirmé dans son intervention Hillary Clinton à l'ouverture de cette conférence internationale sur la sécurité. «Le noyau d'Al Qaïda qui a mené les attaques du 11 septembre est peut-être en voie d'être vaincu, mais la menace s'est étendue, devenant géographiquement plus répandue», a t-elle ajouté, précisant que 'le danger du terrorisme reste pressant et indéniable». Elle a, par ailleurs, soulevé la nécessité de la finalisation des directives de la réunion d'Alger, consacrée à la problématique du paiement de rançons aux groupes terroristes contre la libération d'otages. «Nous devons intensifier notre coopération internationale pour faire face à ce problème en finalisant en automne prochain les directives discutées lors de la réunion d'Alger en avril dernier, afin que les pays disposent des meilleurs outils disponibles pour faire face à la prise d'otages et l'extorsion de fonds», a t-elle précisé. Washington et Alger s'étaient entendus en avril dernier lors d'une rencontre dans la capitale algérienne pour mettre en place des mécanismes devant tarir les sources de financement du terrorisme à travers le paiement de rançons aux groupes terroristes contre la libération d'otages. Pour Hilary Clinton, les enlèvements contre des rançons sont devenus «plus graves» au Sahel, après avoir été longtemps un «sujet de préoccupation» en Amérique latine et se répandent maintenant dans le monde entier. Plus globalement, la secrétaire d'Etat US a salué le partenariat international dans la lutte contre ce fléau, indiquant par ailleurs qu'au cours de la dernière décennie, plus de 120.000 personnes soupçonnées de terrorisme ont été arrêtées dans le monde entier et plus de 35.000 ont été reconnues coupables. Le FGCT est une initiative lancée en 2011 en marge de l'Assemblée générale des Nations unies et dont la première édition s'était tenue en septembre à New York. La journée de jeudi avait permis aux chefs de la diplomatie des 30 pays participant d'intervenir pour décliner les stratégies-pays de lutte contre le terrorisme, alors que la journée de vendredi a été plutôt technique, les experts ayant pris le pas sur les diplomates pour mettre en place des synergies communes de lutte contre ce fléau devenu planétaire. Mais, loin des salons feutrés abritant des conférences internationales souvent sans résultats concrets, le terrorisme, avec ses différentes formes, se répand comme une épidémie planétaire.