Ne dérogeant jamais à la règle, et fidèle à ses traditions séculaires, la ville aux 12 coupoles a tenu à célébrer avec faste comme de coutume et en pareille période, juste à la fin de la saison des moissons-battage, l'incontournable Maoussim de Sid-Cheikh, saint patron de la ville, dont l'aura dépasse les frontières du pays. Ils sont venus en force cette année de France et des pays du Maghreb arabe pour prendre part durant ce week-end, aux festivités, hautes en couleur certes, mais marquées également par de pieuses soirées où la lecture du Saint Coran et du Dhikr sont de rigueur, durant trois journées consécutives, sous le dôme du mausolée, tout autour du cénotaphe. Trois jours durant lesquels ses disciples vivront, sous un soleil de plomb, sous le rythme de la fête populaire, fantasia des Guerraridj de Sidi Yahia Ben Sfya, où le couscous coule à flots et c'est par dizaines de milliers que se comptent les convives, venus en force partager cette fête. Selon des témoignages concordants et des manuscrits authentiques, datant d'une époque lointaine et soigneusement conservés, «Sidi Abdelkader Ben Mohamed est le descendant de la lignée directe du Khalifa du prophète Aboubakr Es-Seddik, dont il puise sa noblesse; d'ailleurs ses descendants portent encore le nom des Abou Bekria; ce saint homme Sid-Cheikh, de son vrai nom Sidi Abdelkader Ben Mohamed, naquit entre 951 et 1023, un saint homme et un excellent érudit a gravé son nom en lettres d'or durant son époque, en se distinguant avec bravoure par sa participation aux côtés de ses frères dans le combat contre l'occupant espagnol dans l'Oranais. Une dure bataille à armes inégales où il fut mortellement blessé à l'aisselle et dont il ne survivra pas longtemps après son retour dans la région d'El-Bayadh. Cette sommité du soufisme et fondateur par la suite de la Tariqua Chadhoulya, très répandue dans tout le Maghreb arabe, qu'est ce saint homme, d'une piété et d'une ferveur incommensurables et irréprochables, a mené une existence érémitique qui lui valut respect et admiration. De nos jours, ses deux illustres descendants, les Al-Sid Cheikh, Si Hamou et Si Mahmoud perpétuent cette waâda en son honneur, dans la plus pure tradition et dans ce haut lieu de l'insurrection du 19e siècle, focale du célèbre mausolée, resté intact en dépit des nombreuses tentatives de destruction avortées, entreprises par Négrier, ce général de triste mémoire lors de l'insurrection des Ouled Sid-Cheikh et à leur tête le non moins célèbre Cheikh Bouamama.