C'est l'expectative. Tout le monde attend. La France, le Mali, les pays de la CEDEAO, l'ONU et même les Etats-Unis. Tout ce beau monde, y compris les superpuissances économiques et militaires, attend en fait de l'Algérie une intervention militaire au nord Mali. Le chassé-croisé diplomatique de ces deux dernières semaines sur le dossier malien qui a atterri non sans coïncidence sur le sol algérien, est symptomatique de cet appel presque 'à genoux'' pour que l'Algérie opte pour la force afin de déloger du Nord-Mali les groupes terroristes qui en ont pris le contrôle. La situation actuelle dans cette partie du Mali est bien sûr inquiétante, préoccupante, au premier chef pour les populations maliennes elles-mêmes, prises en otage dans leur pays par des groupes rebelles touareg et terroristes. Gao, Kidal, Tombouctou où les mausolées des marabouts sont détruits, et le défi actuel pour la communauté internationale est de chasser ces groupes terroristes de la région, à défaut de les éliminer physiquement. C'est en fait là le voeu de beaucoup de parties qui tentent de dénouer la crise malienne avec notamment une intervention militaire sous l'égide de la CEDEAO, avec la bénédiction de l'Union africaine et l'ONU. La France est également en faveur de cette solution, mais pour d'autres considérations. Paris a clairement annoncé, après quelques hésitations, qu'il soutient une intervention militaire au Mali, et veut «empêcher des groupes comme Aqmi» de constituer «des bastions du terrorisme international» dans le nord du Mali. Les dirigeants ouest africains veulent également que le Conseil de sécurité de l'ONU accélère le vote d'une résolution autorisant l'envoi d'une force régionale au Mali contre les groupes armés qui contrôlent le Nord. C'est en quelque sorte un aveu d'impuissance devant le fait accompli imposé par les groupes d'Aqmi, d'Ansar Eddine, du Mujao et du MNLA infestant le Nord-Mali. Pour sa part, l'Algérie, qui abrite à Tamanrasset le siège des pays du champ, une force militaire régionale chargée de lutter contre le terrorisme au Sahel, continue d'appeler toutes les parties à la retenue, à favoriser la voie du dialogue et de la négociation pour résoudre le problème malien, loin de toutes solutions hâtives. Alger est pratiquement 'envahie'' ces derniers jours d'experts, de diplomates et d'officiels aussi bien européens qu'africains, notamment maliens, tous venus supplier les responsables algériens d'accélérer 'la solution finale'', une intervention militaire d'une force internationale. Une solution contreproductive en fait pour les Algériens, qui estiment que seul le dialogue peut donner des résultats, loin de toutes pressions militaires de puissances occidentales. Alger défend également autant l'intégrité territoriale et l'unité du peuple malien que sa propre sécurité. Car il y a un élément très important dans cette équation qui consiste à dire que si les groupes terroristes présents au nord du Mali sont la cible d'opérations militaires internationales, la question est de savoir quelles seront leurs zones de repli dans le vaste désert. Et puis, cette insistance à vouloir impliquer l'Algérie dans 'la solution finale'' au Nord-Mali a donné ses résultats ailleurs : les exemples tant dans la région qu'ailleurs dans le monde montrent que les interventions militaires internationales ont des effets désastreux sur la stabilité et l'intégrité territoriale des pays concernés. Certes, la situation est vraiment alarmante au Mali, pour autant, les voies du dialogue et la concertation n'ont pas été pour le moment explorées, ni exploitées. C'est, d'ailleurs, l'un des voeux des responsables maliens. Régler la crise par le dialogue entre factions maliennes. Pourquoi donc aller à contresens de ce que veulent les Maliens ? Quant aux groupes d'Aqmi, c'est une tout autre histoire.